VOS MALADES ONT LU
« L'Express », 5 avril
Les dents superbes qu'affiche la couverture de « l'Express », encadrées d'un sourire non moins superbe, sont censées dire « le mal français » que constituent le déficit de prévention des maux dentaires, l'inversion des priorités en matière de remboursement des traitements dentaires, l'existence d'une dentisterie à deux vitesses, tous maux dénoncés de longue date et confirmés par Michel Yahiel, chargé par le ministère de la Santé de faire le point sur la question.
C'est que, en dépit de toutes les incohérences de leur système de soins dentaire, jamais les Français n'ont attaché autant d'importance à la qualité de leur sourire, jamais ils n'ont dépensé tant d'argent pour offrir aux regards de leurs concitoyens des dents parfaitement rangées et parfaitement blanches. Les appareils dentaires, plus discrets désormais grâce à la céramique transparente, ne sont plus réservés aux enfants, les sommes dépensées pour refaire de jolies dents peuvent être faramineuses, « une consultation du sourire » s'est ouverte à l'hôpital Rothschild à Paris et des officines de blanchiment des dents font des affaires sans trop de considération pour les risques éventuels de l'opération. Les enfants d'aujourd'hui garderont-ils leurs dents au-delà de 90 ans, comme le permettraient les connaissances et les moyens thérapeutiques actuels ? Les dentistes et la Sécurité sociale sauront-ils prendre le tournant qui se présente à eux, « occasion historique » de construire une santé dentaire française digne de ce nom ? C'est ce qu'espère Michel Yahiel, et « l'Express » avec lui.
Le marché juteux des Eve
« Sciences et Avenir », avril
Le Pr Brian Sykes, nous dit « Sciences et Avenir », est « l'un des pionniers de la généalogie génétique ». Il est le responsable de l'apparition, sur la scène de sa discipline, de sept Eve européennes, vieilles de 8 000 à 45 000 ans, dont descendraient la plupart des Européens actuels. Pour parvenir à cette conclusion, il a étudié l'ADN mitochondrial de quelque 8 000 Européens d'aujourd'hui. Les cinq personnes dont l'ADN testé a révélé la parenté avec l'une des Eve en question, paraissent toutes enchantées de se découvrir une si lointaine ancêtre. Miss France 2001 est ravie d'être apparentée à Valda, dont la tribu, partie de la péninsule ibérique, aurait gagné la Laponie. Laurent Ruquier, issu du clan de Lara, verra désormais la Toscane natale de son ancêtre d'un autre œil ; la judoka Marie-Claire Restoux se sent aussi pionnière, voyageuse, conquérante que la mystérieuse Caucasienne Xénia, son ancêtre ; Noël Mamère, chasseur sur terres électorales, ne s'offusque pas de sa parenté avec Ölzi, chasseur congelé vieux de 5 000 ans, lui-même lié par son ADN mitochondrial à Katrine, pêcheuse des lagunes vénitiennes ; et Yves Coppens s'amuse de ses liens mitochondriaux avec Ulrike, Eve africaine et non européenne.
Brian Sykes a aussi « parfaitement flairé le marché » juteux que représente d'ores et déjà la généalogie génétique, toute balbutiante qu'elle soit. Pour 120 livres, il propose aujourd'hui aux Européens de retrouver leurs origines maternelles préhistoriques à partir d'un petit échantillon de leur ADN et travaille par ailleurs d'arrache-pied à préciser « l'identité des 33 filles d'Eve mondiales qu'il aurait identifiées » pour agrandir son pool d'ancêtres. Comme le souligne la revue, le biologiste a aussi su enrichir les données génétiques des données amassées par les archéologues et les paléogéographes, en couronnant le tout par un vrai talent de conteur. Ces Eve, plus symboliques que réelles, ne peuvent en effet en aucun cas rendre « compte de la diversité des gènes que nous héritons de multiples parents ». Et à ceux que dérangerait cette ascendance uniquement féminine, une équipe américaine et une équipe italienne, qui ont travaillé de concert sur le chromosome Y, peuvent offrir pour grand-père l'un des dix Adam européens décelés.
Prudence et enthousiasme autour des bulles
« Sélection », avril
L'ouverture réussie de quatre bulles pour bébé en manque génétique d'immunité a passionné « Sélection », qui décrit les principes de recherche de thérapie génétique de l'équipe du Pr Fischer à l'hôpital des Enfants-Malades à Paris à l'intention de ces enfants et retrace les différentes étapes ayant finalement abouti à quatre succès. L'article commence avec la photo d'un échange de baisers entre enfant et mère au travers de la paroi plastique d'une bulle et se termine avec la photo non moins émouvante d'un splendide bébé blond, le premier guéri aux Enfants-Malades, en compagnie de sa famille. Les lecteurs pourront également faire connaissance avec trois des principaux responsables, tout souriants, de la méthode, dont le Pr Fischer.
Bien sûr, suivant le sage avis de ce dernier, la revue prend toutes les précautions oratoires utiles pour ne pas donner trop de faux espoirs, mais semble dès son éditorial très enthousiasmée par les « perspectives prometteuses » ainsi ouvertes, certes pour les enfants qui souffrent de déficit immunitaire bien que les défaillances génétiques en cause soient très variées, mais aussi pour « certains cancers, la mucoviscidose, la maladie de Parkinson, l'athérome ».
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