I L y avait les cas « naïfs » (Nés Après l'Interdiction des Farines animales, en 1990) de contamination par l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB). Voici maintenant un cas « supernaïf », le premier cas de contamination d'une bête née après juillet 1996 découvert en France. L'animal malade, repéré dans le cadre du dépistage systématique des bovins de plus de 30 mois, est une vache de race normande née en août 1997 en Seine-Maritime.
Il pose de nombreuses interrogations. En effet, si l'on considère que le prion se transmet principalement par l'alimentation et par voie maternelle au stade fœtal, aucun animal né après juillet 1996 ne devrait être contaminé. Car c'est à cette date que la France a pris des mesures pour sécuriser les farines carnées encore données aux porcs et aux volailles en retirant les cadavres d'animaux et les tissus à risque. Quant aux farines animales destinées à nourrir les bovins, elles avaient été interdites dès 1990. Théoriquement, tout danger de contamination alimentaire était donc écarté.
La découverte de ce nouveau cas conduit à s'interroger sur les modes de transmission de la maladie (une troisième voie de contamination pourrait être possible, même s'il n'existe aucune preuve) et peut conduire à élargir au-delà de la mi-1996 la période jugée à risque au regard de l'ESB en France. L'hypothèse d'une faille dans le système de prévention, voire d'une fraude, est également retenue. Selon le ministère de l'Agriculture, d'autres pays européens, notamment la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Espagne et la Suisse, ont déjà enregistré des cas de supernaïfs.
Pour Jeanne Brugère-Picoux, professeur de pathologie du bétail à l'Ecole vétérinaire d'Alfort, cette découverte était prévisible dans la mesure où les politiques de prévention en Europe n'étaient pas harmonisées. « Le système de prévention français, aussi efficace qu'il soit, n'a pas pu nous protéger complètement des risques de contamination, alors que nos voisins européens ne prenaient de leur côté aucune mesure, déclare-t-elle au "Figaro" (9 avril). C'est faire preuve d'une hypocrisie totale ou d'une naïveté certaine d'affirmer le contraire. »
Selon la chercheuse, élargir le dépistage systématique aux bovins âgés de 24 mois, comme le fait l'Allemagne, serait un moyen supplémentaire « d'écarter des animaux malades de la chaîne alimentaire ». En deçà de 24 mois, les tests disponibles sont inefficaces.
Depuis l'apparition de la maladie sur le territoire français en 1991, 300 cas d'ESB ont été détectés.
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