MUSIQUE CLASSIQUE
PAR OLIVIER BRUNEL
L 'OPERA DE PARIS reste fidèle à la version italienne de « Don Carlo » composée en 1884 pour la Scala de Milan. Réputée plus dramatique par sa concision elle n'en est pas moins un fleuve de plus de trois heures de musique. Le Britannique Graham Vick a réalisé un spectacle assez sombre, parfois même d'une beauté glaçante, dans lequel l'acte de l'autodafé vient comme une tache de couleur. Omniprésente, sur le rideau, figurant le cloître de Yuste, délimitant des espaces de jeu, la croix place le drame dans un opprimant contexte religieux. Certaines scènes paraissent un peu perdues sur le vaste plateau à peine délimité par quelques panneaux praticables mais le jeu des chanteurs en tient toujours compte pour toucher droit au but.
Les costumes de Tobias Hoheisel sont superbes : d'une fantaisie à la Goya pour les dames de la Cour, hautes en couleur pour le peuple et d'une austérité caractérisant bien la rigueur de l'étiquette à l'Escurial pour la procession de l'autodafé.
La distribution réunie pour cette reprise, au rôle près, entièrement renouvelée depuis la création du spectacle, est internationale sans toutefois comporter de voix italiennes dans les rôles principaux. Ce sont les voix de basses, gâtées par le compositeur, qui ont volé la vedette avec l'Allemand René Pape, superbe Philippe II, monstre d'autorité et de faiblesse humaine et le terrifiant Grand Inquisiteur de l'Islandais Kristinn Sigmundsson. Nouveau venu à l'Opéra de Paris dans le rôle de Rodrigo, le baryton espagnol Carlos Alvarez au timbre très flatteur a su, après un premier acte un peu difficile, trouver l'équilibre du plateau, notamment dans les scènes avec Carlo, le ténor letton Serguei Larin qui passe difficilement la rampe dans cette salle, avec ce volume orchestral, où sa voix paraît détimbrée et sa prestation est moins satisfaisante que dans le Lenski d'« Eugène Onéguine ».
Bel ensemble aussi avec les dames, la vétérante Dolora Zajick, Américaine et pilier du Metropolitan Opera dans les rôles de mezzos verdiens, qui passe largement au-dessus de la masse orchestrale et donne une interprétation très convaincante de la Princesse Eboli. Nouvelle venue aussi, la Russe Marina Mescheriakova, récemment remarquée dans un nouvel enregistrement de « Jérusalem » de Verdi, au timbre doré et très à l'aise dans la tessiture aiguë d'Elisabeth de Valois. Mention également pour la pureté du timbre de Marie Devellereau qui, en Voix du Ciel, traverse l'autodafé avec beaucoup d'autorité.
Churs et orchestre étaient superbes malgré la tendance du chef américain James Conlon à faire sonner trop fort pour faire dramatique, couvrant trop souvent les chanteurs.
Opéra de Paris (08.36.69.78.68). Prochains spectacles : « les Contes d'Hoffmann » d'Offenbach (reprise, Bastille) du 13 avril au 16 mai, « Ariodante » de Haendel (nouvelle production, Garnier) du 17 avril au 15 mai.
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