Deux pics épidémiques, des millions de cas et plus de 1,6 million de décès à travers le monde... Depuis près d’un an, le coronavirus a bouleversé l’univers de la santé. Pour autant, la Terre ne s’est pas arrêtée de tourner. Et si l’année fut relativement sombre, elle a aussi connu quelques éclaircies. En France, médecins et chercheurs ne sont pas restés confinés. En 2020, le système de santé a continué de se réformer. Les pouvoirs publics tentent d’améliorer l’accès aux soins, notamment ceux non programmés, mais encouragent aussi le déploiement des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et projettent de donner un nouvel élan aux visites à domicile pour la prise en charge des patients âgés. Quoique bousculé, le monde de la médecine libérale poursuit sa mue. Pour faire face à la crise sanitaire, les médecins ont adopté la téléconsultation en masse. Traduisant une évolution certaine des mentalités selon laquelle la rémunération ne suffit pas à l’épanouissement professionnel, la médecine prend soin d’améliorer les conditions de travail des internes et la protection sociale de ses seniors. Les praticiens libéraux pourront ainsi, à compter de mi-2021, bénéficier d’indemnités journalières sans délai de carence. La reconnaissance du droit des patients n’est plus un vain mot et une nouvelle évolution est venue l’illustrer en 2020. À l’issue d’un récent Grenelle sur le sujet, le gouvernement a décidé de faciliter le signalement des violences faites aux femmes par les médecins en les autorisant à signaler à la justice des actes de brutalité dès lors que la vie de la victime est en danger.
Même sur le plan médical, le Covid-19 n’aura pas réussi à éclipser complètement les bonnes nouvelles, y compris, pour ne pas dire surtout, en infectiologie. Du côté des antibiotiques, le bilan publié fin 2020 confirme le recul des consommations en 2019, notamment en ville, preuve que les efforts paient ! De même, après une forte hausse, les IST semblent marquer le pas. Autre évolution encourageante : en 2019, la prévalence du tabagisme a à nouveau diminué en France et la tendance semble vouloir se poursuivre en 2020.
L’année écoulée aura aussi vu se concrétiser plusieurs chantiers en attente jusque-là. Ainsi, la vaccination des garçons contre le papillomavirus a été actée dans le calendrier vaccinal 2020 et son remboursement entériné début décembre. De même, le test HPV est désormais pris en charge par l’Assurance maladie et va pouvoir être déployé pour le dépistage du cancer du col. Fini également le retard français en matière de gliflozines, avec la mise à disposition au printemps de la dapagliflozine pour le traitement du diabète et peut-être bientôt pour l’insuffisance cardiaque. Autre arlésienne, le Baclocur® vient aussi d’être mis à disposition pour l’alcoolodépendance, après plusieurs années de controverses.
Enfin, les progrès thérapeutiques se poursuivent avec la diffusion des biothérapies en dermatologie, la "démocratisation" des CAR-T cells en onco-hématologie ou encore le reclassement de vieux médicaments dans d’autres indications, telle la colchicine qui s’invite dans la maladie coronaire.