« Les médicaments psychotropes se valent tous » ... « Les Français détiennent le record de la consommation d'antidépresseurs » ... « La dépression de l'enfant est un mythe », etc. Dans un travail publié la semaine dernière, l’Académie de médecine revient sur les 10 principales idées reçues concernant le traitement de la dépression, tout en reconnaissant que les prescriptions peuvent être optimisées.
Pour les sages de la rue Bonaparte, « l’efficacité des antidépresseurs sur les symptômes émotionnels dépressifs ou anxieux est désormais bien établie. Pourtant, ces molécules font l'objet d'une défiance, voire d'un rejet, qui retarde le repérage de ces troubles et leur prise en charge par une prescription judicieuse ». De fait, actuellement en France, une maladie dépressive sur deux, n'est pas correctement diagnostiquée ni traitée.
Préjugés
L’Académie dénonce donc en bloc les préjugés concernant l’efficacité des antidépresseurs, leurs effets indésirables ou encore leur consommation dite "record" en France. A ce titre, « il est couramment admis et périodiquement ressassé que les français consomment trop d’antidépresseurs » souligne le document. Mais cette assertion « omet de prendre en compte le fait que les Français consomment davantage en terme de soins en général que les pays comparables » et méconnait « le fait que les prescriptions d’antidépresseurs sont en augmentation dans les pays comparables dont la consommation talonne, voire dépasse désormais celle qui est observéé » en France.
Côté efficacité, « environ 1/3 des sujets déprimés ne répondront pas à un premier antidépresseur » mais « ils répondront pour 2/3 d’entre eux à un autre médicament antidépresseur » indiquent les auteurs. Tout en rappelant « que la durée de traitement médicamenteux d’un épisode dépressif ne peut être inférieure à 4 mois ».
Enfin, concernant, les effets indésirables, l’Académie revient sur le risque de dépendance : « dépendance signifie nécessité d’augmenter les doses pour un même résultat (effet tolérance) et syndrome de sevrage », ce qui ne serait pas le cas des antidépresseurs. De même l’augmentation du risque suicidaire à l’instauration du traitement est relativisée : « le rôle éventuellement déclencheur de conduites suicidaires au moment de la mise en place d’un traitement antidépresseur est connu depuis l’origine de ces médicaments, indique le rapport. Pour autant, la majorité des sujets déprimés qui se sont suicidés ne recevaient pas d'antidépresseurs ». Surtout, « l’alerte portant sur le risque d’induction du suicide chez l’adolescent recevant un antidépresseur lancée au cours des années 2000 a conduit à une réduction de prescriptions d’antidépresseurs et à une augmentation des conduites suicidaires. Il est établi que les sujets sous antidépresseurs au long cours sont à moindre risque suicidaire ».
La formation en question
Malgré cela, l’Académie de médecine reconnaît que les prescriptions d’antidépresseurs doivent être optimisées : « Repérer la symptomatologie et prendre les bonnes décisions thérapeutiques, savoir prescrire ou ne pas prescrire un antidépresseur, exige une formation spécifique qui n'est pas suffisamment dispensée actuellement ».
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