C'est arrivé le 7 décembre 1900

Bekhterev décrit la spondylarthrite ankylosante

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Publié le 07/12/2015
éphéméride

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Crédit photo : phanie

Le médecin russe fut l'un des premiers à décrire cette maladie et ses observations furent si pertinentes qu'aujourd'hui l'éponymie « Maladie de Bekhterev » (Morbus Bechterew) est très répandue dans le monde pour qualifier cette affection rhumatologique inflammatoire de la colonne vertébrale, mais très peu en France, en revanche.

Le neurobiologiste russe est né le 1er février 1857 à Sorali, dans la région de Vyatka (actuellement Kirov) et obtint le doctorat de l'Académie médicochirurgicale de Saint-Pétersbourg en 1881 après avoir soutenu une thèse consacrée aux « relations possibles entre la température corporelle et certaines maladies mentales ». La même année, il accéda au titre de Privatdozent de neurologie et de psychiatrie avec, à la clé, une bourse d'études et de recherches à l'étranger. Il en profita pour faire un véritable tour d'Europe, allant d'abord à Leipzig où il collabora avec le physiologiste Wilhelm Wundt, le fondateur de la psychologie expérimentale et avec le neurologue Paul Flechsig. Il rencontra ensuite Theodor Meynert, l'un des plus grands neuro-anatomistes de son temps, à Vienne, puis alla travailler à Berlin chez Carl Westphal et Emil du Bois-Reymond avant de suivre les cours de Charcot à Paris.

Le grand rival d’Ivan Pavlov

En 1885, rentré en Russie, il fut nommé professeur à l'université de Kazan, où il enseigna les maladies psychiques avant d'être nommé en 1893 professeur de psychiatrie à l'Académie médicale militaire de Saint-Pétersbourg où il fonda en 1908 un institut de neuropsychiatrie qui, par la suite, portera son nom.

Rival d’Ivan Pavlov, Bekhterev consacra l'essentiel de ses recherches à l'anatomie du cerveau et aux réflexes conditionnels. Il développa ainsi une théorie des réflexes conditionnés à partir de ses études de laboratoire sur l'inné et l'acquis. Il s'intéressa aussi à la morphologie cérébrale et découvrit le noyau vestibulaire supérieur (noyau de Bekhterev) ainsi que plusieurs autres structures cérébrales nouvelles. Il décrivit ainsi une déficience de la moelle épinière (qui porte son nom) et la voie spinocérébelleuse ventrale (qui porte parfois le nom de colonne de Bechterew), qui véhicule la sensibilité proprioceptive inconsciente des membres, jusqu'au paleocerebellum. Bekhterev fonda également en 1898 le premier journal médical russe « Nevrologichesky Vestnik » spécialisé dans les maladies nerveuses. C'est dans cette publication qu'il émit, en 1900, l'hypothèse que les hippocampes du lobe temporal participent de façon essentielle à la mémoire, après avoir étudié le cerveau d'un patient devenu amnésique à la suite de la destruction bilatérale de ces structures.

Empoisonné sur ordre de Staline

Le neurobiologiste dut abandonner sa chaire en 1913 avant d'être rétabli dans ses fonctions en 1917, après la Révolution, avec le titre de professeur de psychologie et réflexologie de l'université de Petrograd. Il devait y rester jusqu'à sa mort pour le moins mystérieuse en 1927 après avoir été empoisonné. L'hypothèse la plus vraisemblable est qu'il ait été assassiné sur l'ordre de Staline pour avoir osé diagnostiquer chez ce dernier une paranoïa. Quelques années plus tard, le procureur en chef de Staline, Andreï Vychinski, fit condamner à mort le fils de Bekhterev, les autres membres de la famille étant déportés au goulag.


Source : lequotidiendumedecin.fr