La plateforme Panacée, qui centralise les informations relatives aux innovations thérapeutiques dans le cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC), sera expérimentée auprès des professionnels de santé dès l’automne 2025 dans la région Grand Est. Ce premier commun numérique en santé, c’est-à-dire une ressource collective libre, gratuite et réplicable, a été développé par l’association Liberté Living Lab et financé par l’Institut national du cancer (Inca), la Ligue contre le cancer, Unicancer, l’ARS Grand Est et les laboratoires Roche, Boehringer Ingelheim et Lilly.
Son contenu est co-construit par un comité éthique et scientifique regroupant l’intergroupe francophone de cancérologie thoracique (IFCT), le groupement francophone de cytogénomique oncologique (GFCO), la société française de médecine prédictive et personnalisée (SFMPP), et l’association Patients en réseau.
Le paysage des thérapies ciblées se complexifie
« Dans le CBNPC, avec l’envol des thérapies ciblées et la foison de biomarqueurs, les approches se complexifient toujours plus. C’est un travail que même les spécialistes ont du mal à préciser », explique le Pr Claude Linassier, directeur du pôle Prévention, organisation et parcours de soins à l’Inca.
La plateforme se met à jour en quasi-temps réel. Un algorithme d’analyse du langage surveille de manière hebdomadaire les informations disséminées dans plusieurs plateformes d’information : les référentiels Inca et Aristot (région Aura), la base de données du médicament, celles de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), les registres d’essais cliniques de l’Inca et des essais cliniques européens. Les experts sont avertis en cas de nouveautés sur ces sites et vérifient les informations avant de les publier.
Les professionnels de santé utilisant la plateforme peuvent renseigner la typologie du cancer de leur patient (type histologique, classification TNM, statut fumeur). Panacée présente alors la liste des biomarqueurs à tester ainsi que les technologies moléculaires ciblées les plus adaptées aux tests : Next Generation Sequencing (NGS) sur l’ADN ou l’ARN, PCR, hybridation in situ en fluorescence (FISH) et immunohistochimie.
Une fois les tests réalisés, le médecin renseigne le ou les biomarqueurs retrouvés. La plateforme liste alors l’ensemble des traitements de première ligne accessibles, qu’il s’agisse de médicaments sous AMM, en accès précoce ou compassionnel, ainsi que les essais cliniques disponibles en France et en recrutement ouvert.
La décision reste à la main de l’expert
Toutes les informations renseignées par la plateforme ne sont « que » des informations. « Panacée ne doit pas être perçue par les professionnels comme un déplacement des compétences, la décision finale leur revient complètement », rassure la Dr Claude-Agnès Reynaud, présidente du conseil scientifique national de la Ligue contre le cancer.
Côté patient, les informations consultables sont les mêmes que celles destinées aux soignants, exception faite des traitements en accès précoce (non listés), avec plus de pédagogie. « On mesure mal à quel point le parcours de soins est obscur et opaque pour les patients », signale la Dr Reynaud.
Le groupement d’experts réfléchit à hiérarchiser les informations à partir des recommandations des autorités de santé et du niveau de preuve de chaque traitement. Même dans ce cas, « l’idée est de s’appuyer sur des données objectives mais de laisser une totale liberté à l’expert », clarifie Julien Muresianu, expert IA et data du Liberté Living-lab.
Le Grand Est, un laboratoire
La région du Grand Est a été choisie pour l’expérimentation du fait de son paysage de santé hétérogène. Avec des problématiques fortes, des populations vulnérables et des inégalités territoriales d’accès aux soins, elle s’avère particulièrement intéressante pour éprouver Panacée : « Si on valide l’outil sur le cas le plus difficile, alors il marchera dans toutes les situations », précise Marylène Vicari, cofondatrice et directrice du Liberté Living Lab.
Oncologues, pneumologues et cancérologues sont recherchés pour participer à des sessions de test de février à juin, pour améliorer l’outil autant que possible avant le début de l’expérimentation. À terme, si son efficacité est démontrée, Panacée pourra être étendue à d’autres régions puis à d’autres cancers.
La plateforme Panacée est encore en construction sur le fond comme sur la forme, les illustrations dans cet article offrent un aperçu d’un outil qui n’est pas finalisé.
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