« Les médecins, les soignants et les organismes d’assurance maladie peuvent se préparer à une transformation majeure dans le dépistage du cancer ». À l’occasion de son congrès annuel qui se tient à Paris du 9 au 13 septembre, la Société européenne d'oncologie médicale (ESMO) a mis en exergue les évolutions à venir en matière de prévention et de dépistage. Avec notamment la présentation en session plénière de l’étude Pathfinder qui laisse entrevoir des possibilités de dépistage précoce de nombreux cancers par simple prise de sang.
Cette étude prospective a évalué la performance en ambulatoire d’un test sanguin de détection précoce multicancers (MCED) basé sur l’analyse de petites séquences d’ADN tumoral circulant qui présentent un profil de méthylation différent de celui de l’ADN non tumoral. Avec à la clé la possibilité de détecter un signal pour plus de 50 types de cancers et d’en prédire l’origine.
Un taux de détection élevé
Dans l'étude Pathfinder présentée au congrès de l'ESMO, ce test a été évalué chez 6 621 adultes de 50 ans et plus sans cancer connu. Il a détecté un signal cancéreux dans 1,4 % des cas (92 patients). Parmi les participants testés positifs, le diagnostic de cancer a été confirmé ultérieurement dans 38 % des cas. A contrario lorsque le test était négatif, l’absence de cancer s’est confirmée dans 99,1 % des cas (6 235/6 290).
Au total, « le test MCED s’est avéré réalisable en pratique ambulatoire sans effets indésirables significatifs et avec une valeur prédictive positive VPP d'environ 40 % », conclut l’abstract.
« Ces résultats sont un premier pas important pour les tests de détection précoce du cancer parce qu'ils mettent en évidence un taux de détection élevé chez les personnes qui souffraient d'un cancer et un excellent taux de spécificité pour celles qui n'étaient pas concernées par la maladie. Parmi les personnes testées positives, il a fallu moins de deux mois pour confirmer le diagnostic lorsqu'un cancer était bien présent. Ce délai de résolution diagnostique était un peu plus long dans les cas où il n'y avait pas de pathologie, principalement du fait de la réalisation d’examens d'imagerie par les médecins qui les ont réitérés une seconde fois plusieurs mois après pour rechercher une tumeur », explique le Dr Deb Schrag (New York), auteur principal de l'étude.
Encore un long chemin à parcourir
Ainsi, « cette étude montre que nous pouvons espérer à l'avenir être capable de déceler plus tôt des cancers que nous ne savons pas dépister aujourd'hui », poursuit la chercheuse, tout en reconnaissant que « le chemin à parcourir est encore long ».
La technique a notamment besoin d'être affinée « pour mieux distinguer entre l'ADN tumoral et le reste de l'ADN qui circule dans le sang ».
Reste aussi à savoir quel sera le bénéfice en termes de morbimortalité. À ce titre, « il faudra réaliser des études comparatives sur tous les cancers confondus, commente le Pr Fabrice André, co-président du comité scientifique du congrès et directeur recherche à l'Institut Gustave Roussy. Nous devons également comprendre ce qu'ils apportent aux patients et comment il convient de leur présenter les résultats. Sans oublier que nous avons besoin d'en savoir plus sur la petite partie de faux positifs ».
Anticiper l'impact sur le système de soin
Mais d’ores et déjà, les oncologues appellent à se préparer à cette révolution annoncée du dépistage précoce. « Il est de la responsabilité des associations professionnelles telles que l'ESMO de susciter une prise de conscience générale du fait que dans les cinq prochaines années, nous aurons besoin de plus de médecins, de chirurgiens et d'infirmiers, mais aussi de plus d'infrastructures diagnostiques et thérapeutiques pour prendre en charge le nombre croissant de personnes identifiées par ces tests multi-cancers de détection précoce », estime Fabrice André.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation