Certes, la France n’est pas confrontée à l’épidémie de décès liés aux opioïdes qui ravage les Etats-Unis. Mais les chiffres diffusés à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les overdoses ont de quoi interpeller.
En 2017, l’Hexagone comptabilisait près de 500 décès par overdose, dont 80% en lien avec des opioïdes, avec une tendance à la hausse depuis 2004. Surtout, le risque ne se limite plus seulement aux usagers de drogue mais « existe désormais en population générale, et hors mésusage », souligne le Pr Michel Reynaud, président du Fonds Action Addictions. Selon le Pr Nicolas Authier de l’Observatoire français des médicaments antalgiques, « entre 2000 et 2015, les décès par overdose d’opioïdes médicaments (hors héroïne et méthadone) sont passés de 75 à 200 et restent probablement sous-estimés ».
Faciliter l’accès à la Naloxone
Face à cette évolution, addictologues, spécialistes de la douleur et associations d’usagers plaident pour une diffusion plus large de la Naloxone, l’antidote des opioïdes. « On peut parfaitement prescrire à la fois du Tramadol et de la Naloxone, si l’on sait son patient à risque, au vu de son usage des antidouleurs, des usages associés et/ ou des comorbidités », détaille le Pr Authier.
Actuellement, deux médicaments « prêts à l’emploi » sont disponibles en France rappelle l’ANSM, mais leur accessibilité reste trop limitée, dénonce le collectif. Ainsi, le Nalscue (pulvérisation nasale) n’est délivré que dans les hôpitaux et centres spécialisés et ne devrait plus être commercialisé d’ici 2020 faute d’accord sur le prix. Quant au Prenoxad (voie IM), il est en théorie disponible depuis juin en pharmacie. Mais selon un testing récent, seules deux officines sur 100 en disposent. D’autres spécialités intranasales ont une AMM européenne, mais leur disponibilité en France dépendra des négociations de prix.
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