Il y a quelques années, des chercheurs de l’Inra découvraient qu’une des bactéries de notre microbiote, Faecalibacterium prausnitzii, avait tendance à disparaître en cas de maladie chronique inflammatoire de l’intestin (MICI). C’est l’analyse de pièces chirurgicales d’intestins malades qui avait permis cette découverte.
Aujourd’hui, des chercheurs Inra, Inserm, AP-HP et UPMC viennent d’identifier une protéine - baptisée MAM (Microbial Anti-inflammatory Molecule) sécrétée par la fameuse bactérie et qui joue un rôle actif dans la lutte contre l’inflammation intestinale de la maladie de Crohn. Publiée dans la revue Gut, cette découverte constitue un pas décisif dans l’espoir de développement d'une nouvelle stratégie pour traiter les MICI.
En utilisant des techniques de biochimie et de spectroscopie de masse, les chercheurs ont découvert plusieurs peptides appartenant à une seule et même protéine secrétée par F. prausnitzii qu’ils ont nommée MAM. Dans un premier temps, ils ont démontré sur des modèles cellulaires que l'ajout de MAM diminuait les marqueurs de l'inflammation. Ils ont ensuite décrit l'efficacité de la protéine MAM dans un modèle souris de MICI. En particulier, les souris protégées par la présence de MAM perdent moins de poids que les souris non-protégées. Les chercheurs ont également montré que cette protéine MAM agit en diminuant certaines des molécules du système immunitaire de la muqueuse intestinale provoquant l'inflammation. Dès qu’il y a une inflammation intestinale, la diminution de la présence de F. prausnitzii aggrave donc la pathologie.
Selon le Pr Philippe Seksik (PU-PH à l’UPMC, Service de Gastroentérologie et Nutrition, Hôpital St-Antoine, Paris), « cette bactérie est très fragile et disparaît en milieu aérobie ce qui rend sa culture complexe. » Des procédés de transplantation de séquences génomiques sur des bactéries plus simplement cultivables ont permis la production de la protéine MAM. Afin d’entraver ce cercle vicieux conduisant à l’inflammation chronique du tractus digestif, les scientifiques envisagent de restaurer la présence de F. prausnitzii. Les moyens envisagés pour y parvenir sont multiples : utiliser de nouveaux compléments alimentaires contenant la bactérie (probiotiques) et/ou des molécules qui favorisent le développement de la bactérie (prébiotiques).
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