En cinq mois, l'épidémie de fièvre hémorragique Ebola qui s'est déclarée en Afrique de l'Ouest a fait 1.145 morts, selon le dernier bilan de l'OMS arrêté au 13 août : 380 en Guinée, 413 au Liberia, 348 en Sierra Leone et quatre au Nigeria. L'OMS estime désormais que l'ampleur de l'épidémie d'Ebola est "largement sous-évaluée". "Le personnel présent dans les zones d'épidémie relève des preuves montrant que le nombre de cas rapportés et le nombre de morts sous-estiment largement l'ampleur de l'épidémie", s'est alarmée jeudi soir l'OMS dans un communiqué.
Peur omniprésente selon les ONG
Vendredi 15 août, les responsables de deux grandes ONG, MSF et la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge ont fait état de l'état d'anxiété qui règne dans les trois pays les plus touchés par la fièvre Ebola. Pour le Dr Joanna Liu (Canada), directrice de MSF, qui est rentrée jeudi à Genève après dix jours passés en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia, la peur est omniprésente, "comme en temps de guerre". De son côté, As Sy, nouveau secrétaire général de la Fédération internationale de la Croix-Rouge, interrogé sur la "psychose Ebola" après un voyage dans la région touchée, a répondu que le "facteur peur était une réalité, c'est indéniable". De fortes fièvres sont fréquentes dans cette région, en raison notamment du paludisme, mais les gens qui en souffrent craignent d'avoir été contaminés par le virus Ebola et ne se font pas faire établir de diagnostic, a expliqué le responsable de la Croix-Rouge. Selon lui, certains préfèrent se cacher et disparaître dans des villages reculés, de crainte d'être infectés et d'êtres mis en quarantaine, au lieu de se rendre dans les centres de soins.
Obama mobilise les CDC
De son côté, le président américain Barack Obama s’est entretenu jeudi par téléphone avec ses homologues libérien Johnson Sirleaf et sierra-léonais Ernest Bai Koroma pour les assurer de l'engagement des Etats-Unis, soulignant le rôle des experts des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) envoyés dans leurs pays pour aider les autorités sanitaires. Au même moment, le département d'Etat américain annonçait l'évacuation "par précaution" des familles de son personnel diplomatique à Freetown.
32 infimières décédées en Sierra-Leone
En Sierra-Leone, les services de santé du pays ont affirmé que 32 infirmières avaient succombé à Ebola, soit près de 10% des cas mortels. La ministre de la Santé Miatta Kargbo a par ailleurs annoncé l'envoi par l'Afrique du Sud d'un laboratoire mobile, attendu vendredi, qui "sera installé dans la capitale pour analyser des échantillons sanguins à la fois de l'Ouest et du Nord", autour de Freetown.
Pays le plus touché, le Libéria essaie un nouveau traitement
Le Liberia voisin, qui a reçu mercredi des doses d'un sérum expérimental américain prometteur pour traiter deux médecins contaminés, le ZMapp, a commencé des travaux d'extension de l'unique centre de traitement de sa capitale, Monrovia, aux capacités largement dépassées. Malgré la multiplication de mesures de plus en plus draconiennes, l'épidémie continue à progresser rapidement dans la capitale du Liberia, où l'état d'urgence a été proclamé le 6 août, cinq jours après la Sierra Leone. Avec 413 morts sur un total c’est le pays le plus sévèrement touché désormais. Des malades d'Ebola y étaient activement recherchés lundi, après leur évasion d'un centre d'isolement attaqué et pillé à Monrovia dans la nuit de samedi à dimanche par des hommes armés de couteaux et de gourdins.
Etat d’urgence sanitaire en Guinée
En Guinée, d'où est partie l'épidémie au début de l'année, le président Alpha Condé a décrété mercredi soir "l'urgence sanitaire nationale". Parmi les mesures prises figure la mise en place d'un "cordon sanitaire tenu par les agents de santé et les services de sécurité et de défense à tous les postes frontaliers d'entrée".
Quatrième mort au Nigéria
Pour sa part, le Nigeria, géant économique et démographique du continent, a enregistré un quatrième mort jeudi à Lagos, ville la plus peuplée d'Afrique subsaharienne, et redoutait une contamination à Enugu, dans l'Est, par une infirmière infectée. Son ministre de la Santé du Nigeria, Onyebuchi Chukwu, a annoncé à des journalistes samedi soir que 12 personnes avaient été testées positive au virus, dont quatre personnes mortes des suites de cette fièvre hémorragique, tandis que 189 autres malades étaient sous surveillance à Lagos et six dans la ville de Enugu dans le sud-est du pays. Selon lui, cinq des patients ont pratiquement été guéris. Toutefois le médicament expérimental, que le Nigeria espérait pouvoir utiliser n'a pas eu l'agrément du Comité d'éthique de la Santé Publique du pays.
Fermeture des frontières au Kenya
De son côté, le Kenya a décidé samedi d’interdire l'entrée sur son territoire, à compter de mercredi, aux voyageurs venant de Guinée, du Liberia et de Sierra Leone. La compagnie nationale Kenya Airways - qui n'effectue pas de liaison avec Conakry - a dans la foulée annoncé la suspension de ses vols à destination de Freetown et de Monrovia. Aucun cas d'Ebola n'a pour l'instant été recensé au Kenya, où quatre cas suspects se sont tous révélés négatifs, selon le ministère de la Santé. Mais "dans un souci de santé publique" , le gouvernement a "décidé de suspendre temporairement l'entrée au Kenya de passagers venant de, ou étant passés par les trois pays africains touchés par Ebola, à savoir la Sierra Leone, la Guinée et le Liberia", a déclaré le ministre kényan de la Santé, James Macharia.
Avec AFP
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