« La pharmacopée des antalgiques est ancienne. Il n’y a pas eu de véritable innovation thérapeutique depuis les années 2000 », rappelle Alain Eschalier, directeur du laboratoire « Pharmacologie fondamentale et clinique de la douleur » à l’université d’Auvergne et à l’Inserm. « De nombreux traitements prometteurs chez l’animal se sont avérés inefficaces ou toxiques chez l’homme », regrette Serge Perrot. De fait, on connaît de très nombreux récepteurs et médiateurs chimiques impliqués dans la modulation de la douleur. Mais leurs interactions sont complexes.
La piste des anticorps anti-NGF
« Une des pistes les plus prometteuses est celle des anticorps anti-NGF », annonce Alain Eschalier. Le NGF (nerve growth factor) est une molécule endogène qui favorise le développement des neurones. Mais elle joue aussi un rôle pro-nociceptif. Cinq anticorps anti-NGF à visée antalgique sont en développement. Ces biothérapies, qui pourraient être administrées en sous-cutané toutes les 8 semaines « constituent un véritable espoir » selon Serge Perrot. Mais un essai clinique avec l’un d’eux, chez des patients arthrosiques douloureux, a été stoppé en raison de la survenue d’effets indésirables.
Le laboratoire d’Alain Eschalier mise sur une approche qui part du patient. « En associant des observations génétiques, pharmacologiques et cliniques, il s’agit d’alimenter une recherche plus fondamentale », dit-il. Par exemple, on peut identifier des modifications génétiques qui perturbent la sensibilité à la douleur chez certains patients. Une autre piste tente de séparer les effets analgésiques de la morphine de ses effets indésirables - qui mobilisent le même récepteur µ aux opioïdes. « En aval de ce récepteur, il existe un canal potassique indispensable à l’effet analgésique de la morphine, mais n’intervenant pas dans ses effets indésirables. On recherche des molécules qui n’agiraient que sur ce canal », explique Alain Eschalier. Un domaine très actif, marqué cependant par des déceptions.
Moduler le taux d’enképhalines
Parmi les autres pistes, figure la voie des molécules qui modulent le taux d’enképhalines, ces opioïdes endogènes. Des inhibiteurs d’enzymes qui dégradent ces enképhalines sont en développement. Il y a aussi la voie des antagonistes à un canal ionique, le TRPV1, impliqué dans certaines douleurs neuropathiques. « On cherche notamment à désensibiliser ce récepteur à l’aide d’un vaccin », note Serge Perrot.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation