Le généraliste mis en examen pour avoir prescrit du midazolam auditionné par un juge d'instruction

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Publié le 11/02/2020
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Stéthoscope

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Crédit photo : GARO/PHANIE

Trois mois après avoir été mis en examen et interdit d'exercer pour avoir involontairement causé la mort de cinq personnes âgées en leur prescrivant du midazolam, le Dr Jean Méheut-Ferron, médecin généraliste à Angerville La Martel (Seine Maritime), a été entendu ce lundi pendant une dizaine d'heures par le juge d'instruction du tribunal du Havre.

« Il était en pleine forme, très combatif », commente le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF, qui a échangé dès lundi soir avec son confrère. Le généraliste de Clamart fait partie des soutiens du Dr Méheut-Ferron et est à l'initiative d'une pétition ayant recueilli pas moins d'un millier de signatures. 

Toujours interdit d'exercer, le Dr Méheut-Ferron, joint par Le Généraliste, a indiqué que ses avocats s'apprêtaient à « demander une modification de [son] contrôle judiciaire » et donc la fin de son interdiction d'exercer. Le praticien, qui affirme n'avoir aucune « entrée d’argent » depuis près de trois mois et se retrouve en difficulté pour assumer les charges de son cabinet et payer son personnel, devrait savoir s'il peut exercer à nouveau d'ici dix à quinze jours

Pour le reste, « l'enquête est toujours en cours », précise le généraliste d'Angerville La Martel. 

Le problème de la « circulation en ville »

Hasard du calendrier, la Haute autorité de santé (HAS) publiait lundi de nouvelles recommandations sur les pratiques sédatives en situation palliative jusqu’en fin de vie et demandait « aux pouvoirs publics de permettre la dispensation en ville des médicaments recommandés » pour la sédation proportionnée ou profonde et continue. Dans la foulée, Agnès Buzyn annonçait qu’elle « [permettrait] d’ici quatre mois la dispensation en ville du midazolam injectable aux médecins qui prennent en charge des patients en fin de vie à leur domicile ».

Pour le Dr Méheut-Ferron, qui n'avait pas encore consulté ces recommandations mardi matin, les médecins ne doivent pas « avoir peur » du midazolam et l'encadrement de son usage pourrait donc encourager davantage de praticiens à y recourir. En revanche, le problème de « sa circulation en ville » risque de se poser, selon le généraliste.

Selon lui, le coup de projecteur mis sur cette molécule pourrait désormais favoriser les mésusages. « Si j'ai pu m'en servir, c'est car ce produit passait "sous les radars" », confie le Dr Méheut-Ferron.

« Le soin palliatif est une terre de mission pour la médecine générale »

En outre, le praticien d'Angerville La Martel souligne que « le premier commandement du soin palliatif est la présence du médecin à domicile ». « Le soin palliatif est une terre de mission pour la médecine générale », explique-t-il. 

Le praticien estime que le recours au midazolam, « benzo la moins nuisible et qui préserve le mieux l’autonomie du patient » selon lui, ne peut se faire que de manière proportionnée. « La sédation profonde et continue est un dévoiement de l’usage du midazolam », se défend-il.

En attendant la fin de l'enquête, le Dr Méheut-Ferron n'aspire plus qu'à « revenir au travail ».


Source : lequotidiendumedecin.fr