Au congrès international d'addictologie de l'Albatros 2018, une table ronde très remarquée s'est intéressée tout particulièrement au sucre, et en particulier au potentiel addictif de cet aliment qui a été étudié par Serge Ahmed, psychopharmacologue et neurobiologiste qui est responsable d'une équipe de recherche CNRS à l'Université de Bordeaux.
Des animaux préfèrent le sucre à la cocaïne
Ce chercheur s'est surtout fait connaître par des travaux effectués chez l'animal montrant que « le sucre (c'est-à-dire le saccharose) a un pouvoir attractif et renforçant plus intense que la cocaïne ! », explique Serge Ahmed. « Quand des animaux sont exposés de manière chronique à des drogues par voie intraveineuse, ils se détournent très rapidement de la drogue au profit d'une boisson sucrée quand celle-ci leur est proposée ». La boisson sucrée proposée aux rats contient une proportion de sucre équivalente à celle que l'on trouve dans un soda. Depuis, ce résultat a été confirmé par d'autres laboratoires de recherche et généralisé à d'autres drogues à fort pouvoir addictif, comme l'héroïne, la nicotine, ou la méthamphétamine.
Sur le circuit de la récompense
Une autre expérimentation a aussi été montrée que les animaux préfèrent une boisson sucrée à une simulation directe maximale intracérébrale de leur circuit de la récompense. Des travaux de neuroimagerie chez l'homme montrent qu'après l'absorption de sucre, on remarque une augmentation de l'activation de zones intracérébales à l'origine de la sécrétion de la dopamine impliquée dans les circuits de la récompense.
« Ce phénomène comportemental peut faire l'objet de nombreuses interprétations et discussions », explique Serge Ahmed. « Mais une chose est certaine, le sucre a un pouvoir addictif plus important que ne le soupçonnait jusqu'à présent ». De manière générale, on estime que 5 à 10 % des personnes présentent les critères d'addiction alimentaire, et les aliments sucrés sont le plus souvent concernés.
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