Rien de bien étonnant… Au congrès annuel du CNGE qui vient de fermer ses portes au Corum de Montpellier, les Prs Serge Gilberg et Henri Partouche, tous deux membres de l’ex Comité Technique des Vaccinations, ont pris la parole en plénière pour avancer des arguments justifiant la position de juin dernier du Comité scientifique du Collège qui prônait la vaccination mais s’interrogeait sur l’efficacité de l’obligation.
« Contrairement aux époques où on a rendu obligatoire la vaccination contre la variole, la diphtérie ou la polio pour des raisons sanitaires, aujourd’hui en France il n’a y pas ce type d’urgence qui puisse justifier l’obligation », explique le Pr Serge Gilberg (département de médecine générale, Paris V). Et qui ajoute aussitôt, comme pour ne pas offrir de prise aux Antivax, que la « vaccination représente l’une des actions de santé publique les plus efficaces et nous sommes favorables aux vaccinations actuellement recommandées au calendrier ».
Selon ces experts, la nécessité de l’obligation, même transitoire, n’est basée ni sur une situation épidémique la justifiant, ni sur un niveau de preuve suffisant de son impact. « Aujourd’hui on propose de vacciner 800.000 nourrissons à 5 mois contre le méningocoque C pour éviter potentiellement deux à quatre décès chez les nourrissons de moins de un an. Si la recommandation se comprend, cela peut être compliqué pour un généraliste de justifier l’obligation sur cette donnée par exemple », interroge ce membre du comité scientifique du CNGE.
4% de réticents chez les patients et très peu d'hostilité chez les généralistes
Une étude du Baromètre santé publiée dans un récent BEH sur l’obligation vaccinale montre que 55% des parents sont certains de faire vacciner leur enfant, 31% le feraient probablement, 8,8% probablement pas et 4% certainement pas. « Ces chiffres correspondent à ce nous voyons en consultation. Il est certain qu’on aura du mal à convaincre les 4%. Mais les autres, ceux qui doutent, sont sensibles à l’écoute emphatique et aux conseils de leur médecin. En les interrogeant sur leurs croyances et leurs inquiétudes, et en les informant clairement sur les bénéfices et risques individuels et collectifs de la vaccination recommandée, en règle générale, ils changent de point de vue », précise Henri Partouche (département de médecine générale, Paris V, membre du comité scientifique du CNGE).
Quant au risque que les généralistes ne proposent plus de vacciner si ça n’était plus obligatoire, le chiffre de 15% avancé dans le rapport de la concertation citoyenne présenté comme une des justifications à l’obligation, a aussi été contesté à Montpellier. Les deux références citées dans le rapport correspondent à des enquêtes d’opinion téléphoniques. Une étude du BEH de 2016 menée sur un panel de médecins généralistes de la région PACA - région de France où l’on vaccine plutôt moins qu’ailleurs - a montré que 44% sont favorables à l’obligation et 47% à une obligation sélective. Et même si on levait l’obligation du DTP, 81% auraient un comportement pro-actif, 18% conseilleraient de le faire tout en laissant la possibilité de ne pas le faire. Seuls 0,5% le déconseilleraient. Dans l’une, la majorité des médecins étaient pour l’obligation vaccinale et 7% étaient contre. L’autre a montré que 42% sont favorable à l’obligation vaccinale, 48 % à une obligation sélective, 8 % sont contre et 9% ne se prononcent pas. « On est loin des 15 % hostiles à la vaccination », conclut Serge Gilberg.
En conclusion, les auteurs préconisent comme alternative à la contrainte, une gouvernance en lien avec les professionnels et les usagers capables d’informer et de réagir très rapidement aux polémiques et une coopération forte avec les médecins généralistes et les autres professionnels de santé.
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