La mise à disposition de nombreux outils thérapeutiques à la disposition du praticien induit-elle une prise en charge satisfaisante de l’ostéoporose en France ? Pas totalement selon le
Dr Karine Briot (hôpital Cochin, Paris, et membre du GRIO), puisqu’il y a aujourd’hui un défaut de prise en considération des patientes à risque de fracture (celles qui ont déjà eu au moins une fracture). Moins de 20 % d’entre elles sont en effet traitées dans les suites de leur accident. Des publications américaines montrent aussi que la prise en charge de l’ostéoporose après fracture de hanche a diminué de 50 % en dix ans aux États-Unis. En France, on ne dispose pas d’études épidémiologiques précises sur le sujet, mais d’après Karine Briot, les chiffres sont les mêmes dans notre pays. En cause, les idées préconçues sur l’ostéoporose, syndrome inévitable dans l’esprit de beaucoup de médecins et de patients.
Pourtant, il est possible d’agir sur cette pathologie de manière efficace. D’après le Pr Bernard Cortet (CHRU de Lille), les comportements vertueux comme le sport et une alimentation adaptée sont fortement conseillés. Et les circonstances dans lesquelles les traitements médicamenteux s’imposent sont maintenant bien codifiées. Sous l’égide du Grio, de nouvelles recommandations dans la prise en charge de l’ostéoporose post-ménopausique reprises partiellement par la HAS ont ainsi été proposées en 2012. Il s’agit des femmes ayant déjà été victimes de fractures sévères (hanches, vertèbres, extrémité supérieure de l’humérus, présence concomitante de trois fractures costales, extrémité inférieure du fémur, supérieure du tibia). Des patientes également, dont la densité osseuse est fortement abaissée, soit un T-score inférieur à moins trois.
Enfin, l’utilisation, dans ces circonstances, du FRAX, outil en ligne de prédiction des fractures développé par l’OMS, est conseillée. Ce questionnaire permet d’obtenir deux données : le risque de fracture majeure à dix ans (au niveau de la hanche, de la vertèbre, de l’épaule, du poignet) et le risque de fracture de la hanche à dix ans. D’où la possibilité de conseiller les patientes sur la nécessité de la mise en œuvre d’un traitement. Les rhumatologues se servent très peu de cet outil, les généralistes pas du tout, ce que déplore Bernard Cortet qui plaide pour sa généralisation au monde médical. Sera-t-il entendu ?
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