Selon qu’une femme développe une sclérose en plaques (SEP) avant ou après la ménopause, la localisation des premiers symptômes et le type de comorbidités diffèrent. Ainsi, la présentation clinique chez une femme ménopausée se rapproche de celle d’un homme. C’est ce que dévoile une étude présentée à Barcelone au congrès Ectrims 2025, suggérant l’intérêt de développer des stratégies thérapeutiques plus personnalisées, adaptées à la période de vie.
Cette étude a inclus 298 femmes non ménopausées, 300 ménopausées et 265 hommes d’âges similaires, tous avec une sclérose en plaques. L’analyse révèle des différences relatives à la localisation des premiers symptômes. Le nerf optique était plus souvent le site initial chez les femmes non ménopausées (21,8 %) que les autres femmes (15 %) et les hommes (11,7 %). À l’inverse, la moelle épinière était touchée en premier pour 44 % des femmes ménopausées et 48,3 % des hommes, contre seulement 27,5 % des femmes non ménopausées.
Les femmes ménopausées sont à risque cardiovasculaire
« Ces différences reflètent probablement les effets des variations hormonales », suggère dans un communiqué Yasemin Şimşek, première autrice de l’étude, infirmière et coordinatrice du Centre de traitement et recherche des troubles neuro-immunologiques au Medical Point İzmir Hospital. « Le statut hormonal, la modulation du système immunitaire et les mécanismes neuroprotecteurs influencent certainement la manière dont les lésions se développent ainsi que le site d’apparition des premiers symptômes », poursuit-elle, citant une réponse inflammatoire plus robuste chez les femmes jeunes. À l’inverse, les femmes les plus âgées pourraient avoir une survenue de symptômes plus « insidieuse et progressive du fait des processus neurodégénératifs ».
La morbimortalité semble aussi influencée par le statut ménopausique. Seules 15,1 % des femmes non ménopausées présentaient des comorbidités contre 41 % des femmes ménopausées et 36,6 % des hommes. Le tableau clinique des comorbidités était similaire entre les femmes ménopausées et les hommes, avec un risque cardiovasculaire particulièrement présent, des troubles endocriniens et métaboliques. À l’inverse, les femmes non ménopausées souffraient plus souvent de troubles psychiatriques (dépression, anxiété). « Cette faible prévalence de troubles cardiovasculaires et métaboliques chez les femmes non ménopausées pourrait être partiellement attribuée aux effets protecteurs de l’œstrogène et du jeune âge biologique », explique Yasemin Şimşek.
« Nos résultats ont des implications cliniques importantes, défend-elle. Les hommes et les femmes ménopausées bénéficieraient plutôt de stratégies ciblant la neurodégénérescence et la prévention du handicap ». Les femmes plus jeunes gagneraient à être suivies de près quant à l’activité de rechute et à recevoir des thérapies modificatrices de la maladie optimisées.
La ménopause n’aggrave pas la progression de la SEP
La ménopause n’est pas un facteur du risque de progression de la sclérose en plaques (SEP), d’après une étude publiée dans le Jama Neurology, menée chez près de 1 000 femmes. Les chercheurs ont montré que la ménopause n’était ni associée à un surrisque de progression du handicap à six mois (hazard ratio = 0,95), ni à la vitesse d’apparition d’une SEP secondairement progressive (HR = 1). En revanche, l’âge somatique, la durée de la maladie et l’exposition à des thérapies modificatrices de la maladie très efficaces influencent significativement le risque de progression du handicap.
D’après les auteurs, leurs résultats peuvent rassurer les patientes et leurs médecins, alors que les symptômes vasomoteurs, cognitifs, thymiques et urinaires interagissent avec des symptômes de la SEP préexistants. Les chercheurs appellent à une prise en charge holistique des symptômes de ménopause, avec des interventions d’hygiène de vie (activité physique, régime alimentaire) et pharmacologiques (thérapies hormonales ou non) pour améliorer la qualité de vie.
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