Depuis une trentaine d’années, l’hôpital Foch à Suresnes nourrit une expertise autour de la voix au sein de son service ORL. « L’intérêt pour la laryngologie a commencé avec le Pr Charles Freche, ancien chef de service de l’hôpital qui avait, à l’époque, introduit l’utilisation du laser en France, par exemple pour le traitement de pathologies des cordes vocales, une technique qu’il avait apprise aux États-Unis », raconte le Pr Stéphane Hans, actuel chef de service ORL de l’hôpital Foch. De là s'est construite au fil du temps cette offre large de consultations allant de la prise en charge des personnes transgenres à celle du reflux laryngopharyngé en passant par l’ablation de polypes en consultation.
Le Centre de la voix a une activité mixte alliant clinique et recherche. Dotée d’une équipe pluridisciplinaire de laryngologie-phoniatrie, la structure permet une prise en charge de spécialité ainsi que paramédicale tout en intégrant une unité en phonétique et phonologie rattachée au CNRS et à l’Université Sorbonne Nouvelle. Pour le Pr Hans, il est intéressant pour les médecins de pouvoir orienter leurs patients vers ce centre qui propose « une prise en charge complète ».
Une vaste offre de soins
« En constatant l’importante demande pour la voix à l’hôpital Foch, je me suis entouré d’autres spécialistes ORL comme le Pr Jérôme Lechien, expert du reflux laryngopharyngé, ou la Dr Marie Mailly qui s’intéresse à l’utilisation de la toxine botulique dans des pathologies laryngées et pharyngées, ainsi que le Pr Marc Remacle qui nous soutient dans nos cas compliqués ou nos projets de recherche », explique le Pr Hans.
L'équipe est complétée par trois orthophonistes, dont une spécialisée dans la voix chantée. L’offre de soins permet de répondre aux besoins très variés liés à des pathologies du larynx diverses : « Cancers de la corde vocale ou du larynx, polypes ou nodules, reflux laryngopharyngé, troubles de la déglutition, personnes transgenres souhaitant moduler leur voix, dystonie laryngée, paralysies des cordes vocales (souvent post-thérapeutiques, après une chirurgie où les nerfs sont lésés), sténoses laryngées consécutives à une intubation, mais aussi prise en charge des chanteurs… », détaille-t-il.
La technique de laryngologie interventionnelle chez le patient éveillé permet une prise en charge en consultation
Pr Stéphane Hans, ORL à l’hôpital Foch
Enfin, cette unité s’est investie depuis de nombreuses années dans l’approche minimale invasive, l’expertise du service étant reconnue en micro-chirurgie laryngée au laser et en chirurgie robot-assistée. Ce positionnement favorise la préservation des fonctions du carrefour aéro-digestif et phonatoire.
Mais c’est surtout dans une prise en charge opératoire innovante que le centre se distingue : la « laryngologie interventionnelle chez le patient éveillé » (« laryngologie in officine »), une technique qui permet, par exemple, de réséquer un polype au laser sous anesthésie locale. « Cette technique se dispense d’anesthésie générale, ce qui permet une prise en charge en consultation, évitant ainsi l’hospitalisation, voire l’ambulatoire », expose le chef de service. Le Centre de la voix à l’hôpital Foch est l’un des rares centres européens à utiliser cette technique.
Des collaborations ont également été établies avec d’autres services de spécialité : en pneumologie, en gastro-entérologie, en médecine interne, en chirurgie thoracique ou encore en neurologie, notamment avec l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP) qui s’occupe fréquemment de troubles de la déglutition ou encore de dysphonies au cours des pathologies neurodégénératives.
Nous disposons d’un studio d’enregistrement qui nous permet d’étudier les voix parlées et chantées, les langues étrangères ou encore des techniques vocales comme le Human Beatbox
Pr Stéphane Hans
Une recherche active
L’unité du Pr Hans mène également une activité de recherche autour de la voix, autour de la Dr Lise Crevier Buchman, ORL phoniatre et chargée de recherche hors classe au CNRS, du Pr Jérôme Lechien et du Dr Robin Baudouin, ORL et doctorant en anthropologie (qui a même étudié le larynx d’Henri IV !). Le chef de service se félicite de disposer « de cohortes de patients grâce à la clinique qui permettent de mener des études dans notre pôle recherche ».
Par ailleurs, le centre dispose d’« un studio d’enregistrement qui nous permet de tester les patients en clinique et d’étudier les voix parlées et chantées, des langues étrangères ou encore des techniques vocales comme le Human Beatbox (l’art d'imiter des percussions et des bruits avec sa bouche, NDLR) », rapporte le Pr Hans.
Certains patients sont ainsi régulièrement suivis par enregistrement, par exemple pour la réhabilitation de la voix après cordectomie, ou encore après chirurgie de modification de la hauteur de la voix chez les personnes transgenres, notamment les hommes devenant femmes.
Les recherches sur le Human Beatbox visent à comprendre les mécanismes de production de la parole, mais aussi à développer des applications pour améliorer les compensations et les adaptations du larynx. « Ces techniques vocales pourraient servir pour la prise en charge d’enfants ayant des problèmes d’articulation mais également pour la rééducation de patients à qui une partie du larynx ou de la langue a été retirée à cause d’un cancer », espère le spécialiste.
Focus sur le reflux laryngopharyngé
Portée par l'expertise du Pr Jérôme Lechien, le Centre de la voix s’intéresse, tant sur le plan clinique que de la recherche, au reflux laryngopharyngé (RLP). Cette pathologie, qui toucherait jusqu’à 30 % de la population européenne, pâtit d’une forte errance diagnostique. Souvent confondu avec le reflux gastro-œsophagien, le RLP se caractérise par des remontées de bulles d’air qui, chargées d’enzymes gastriques, arrivent jusqu’aux cordes vocales. Une inflammation peut alors s’y manifester, entraînant des modifications de la voix.
Le diagnostic se fait par exploration laryngologique, notamment par PH-impédancemétrie. Le traitement du RFL peut être médicamenteux, mais repose en grande partie sur un changement d’alimentation (éviter le gras, les crudités, les pétillants, la caféine, les viennoiseries…), qui suffirait à lui-seul à faire baisser la prévalence de moitié.
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