Campagne choc de MdM : le Leem justifie le prix des innovations

Publié le 13/06/2016
prix médocs

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Crédit photo : Capture d'écran leprixdelavie.medecinsdumonde.org

Une campagne choc et une pétition :  Médecins du Monde a décidé de frapper fort contre les prix des nouveaux médicaments pour soigner notamment le cancer et l'hépatite C, que l'ONG juge trop élevés. Ces prix "exorbitants mettent en danger le système de santé et on a déjà assisté au rationnement du traitement efficace de l'hépatite C pour la première fois de notre histoire", souligne Olivier Maguet, responsable à MdM de cette campagne. L'ONG appelle le gouvernement à prendre ses responsabilités afin de permettre l'accès de tous aux traitements et dénonce les marges "colossales et révoltantes", selon elle, des laboratoires pharmaceutiques.

Sa campagne choc se décline en douze affiches axées sur la rentabilité des maladies, sur un ton très provocateur : "Avec l’immobilier et le pétrole, quel est l’un des marchés les plus rentables ? La maladie";  "1 milliard d’euros de bénéfice, l’hépatite C on en vit très bien"; "Le mélanome c’est quoi exactement ? C’est 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires".

Alors que la pétition adressée à Marisol Touraine pour faire baisser le prix des médicaments est accessible en ligne (www.leprixdelavie.com), la campagne d'affichage urbain a été refusée par l’ensemble des réseaux d’afficheurs. Les 1.200 bénévoles de l'ONG feront donc un "affichage sauvage" de la campagne par ailleurs diffusée via le web et les réseaux sociaux et dans les grands quotidiens nationaux.

La réaction du Leem (industrie pharmaceutique) a été immédiate, répondant "avec la plus grande fermeté aux propos caricaturaux et outranciers tenus par Médecins du Monde". Et le porte-parole des industriels du médicament de démonter point par point les accusations de l'ONG. A commencer par l'argument institutionnel : "le prix de ces médicaments est fixé par le Comité économique des produits de santé à l’issue de négociations avec les industriels" rappelle-t-il. Le Leem avance aussi des arguments économiques pour justifier le prix des innovations de rupture : "pour l’industriel, ce prix doit prendre en compte non seulement les coûts de recherche des nouveaux médicaments, mais également leur durée de mise au point (11,5 ans en moyenne) ainsi que les risques qui s’attachent à leur développement".

Au passage, son communiqué souligne que "la plupart des médicaments ont aujourd’hui des prix particulièrement bas et, qu’en termes économiques, le médicament est la plupart du temps la solution de santé la plus efficiente." Et de citer le fait que "pour moins de 10€, on guérit d’un ulcère gastrique, (...) pour moins de 20€, on traite les pneumonies aiguës, (...) pour moins de 1 000€ sur toute une vie, grâce aux vaccins, on se protège contre 12 maladies graves."

Au Leem, on en profite, enfin, pour rappeler que la récession sur le marché du médicament ne date pas d'aujourd'hui, insistant sur le fait que "le chiffre d’affaires des entreprises du médicament a diminué sur les 5 dernières années et que, en 2016 -comme d’ailleurs en 2015-, le taux d’évolution des dépenses de médicaments votées par le Parlement s’établit à -1 %." Et pour bien se faire comprendre, le Leem suggère, concernant le prix des nouveaux traitements, d’aligner la progression de l’enveloppe des médicaments remboursés au niveau de celui de l’ONDAM (+1,75 %). "Cette proposition est de nature à garantir l’accès aux nouveaux traitements à tous les patients qui en ont besoin sans grever les comptes de la branche maladie," souligne-t-on au Leem, pour bien faire remarquer que les conditions tarifaires actuelles ne sont pas forcément les plus laxistes.

 


Source : lequotidiendumedecin.fr