Après le Dr Jérôme Cahuzac, Mediapart a donc scellé le sort du Dr Aquilino Morelle, qui a annoncé sa démission vendredi en milieu de journée. "Depuis 48 heures, je dois faire face à des insinuations et des allégations qui visent à mettre en cause mon honneur. Je veux redire que je n'ai commis aucune faute. Je n'ai jamais été en situation de conflit d'intérêts. Néanmoins, j'ai décidé de mettre fin à mes fonctions pour pouvoir être entièrement libre de répondre à ces attaques", explique le conseiller du président dans un communiqué.
La veille, le site internet d'information avait publié un long article assassin qui plaçait le conseiller politique du président en position délicate. Aquilino Morelle y était critiqué pour ses traits de caractère : autoritarisme, mépris, goût du pouvoir, du luxe et du lucre... Mais c’est surtout les acusations d'avoir "travaillé en cachette pour des laboratoires pharmaceutiques" quand il était inspecteur général des affaires sociales à l’IGAS qui mettent Aquilino Morelle sur la sellette.
Aquilino Morelle a rapidement senti le vent du boulet, mais c’était déjà trop tard. Sur sa page Facebook, il s'est immédiatement défendu de tout "conflit d'intérêts", assurant avoir obtenu de l’Inspection un "avis favorable, sans aucune réserve" quand il entendait rejoindre en 2002 le cabinet de lobbying Euro RSCG pour y travailler pour le compte de plusieurs laboratoires pharmaceutiques. L’intéressé a été reçu à Matignon en fin de matinée et c’est le premier ministre qui lui aurait conseiller de démissionner.
Cambadélis troublé, Touraine prudente
L'affaire avait en effet rapidement semé le trouble jusque dans la majorité. Vendredi matin, le tout nouveau premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, avait fait part de sa préoccupation sur i›TELE : "si ce qui se dit est vérifié, je ne vois pas comment il peut rester. Mais si ce n'est pas vrai, il faut qu'il s'explique, il faut une grande explication pour que l'on puisse y voir clair. Il faut qu'il le fasse vite et qu'il s'explique, qu'on puisse le juger sur pièces", déclarait Jean-Christophe Cambadélis.
Interrogée sur LCI et Radio Classique Marisol Touraine prudente, bottait ne touche, affirmant vendredi matin qu'il revenait à l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) de "donner les informations" concernant le parcours d'Aquilino Morelle. "Il y a un article de presse qui rapporte un certain nombre d'éléments concernant Aquilino Morelle" alors qu'il était fonctionnaire à l'Inspection générale des affaires sociales. "Il appartient à cette institution, l'Igas, de donner les informations relatives à ce qui a été l'activité et le parcours d'Aquilino Morelle dans cette administration".
Ironie du sort : il y encore huit jours, Aquilino Morelle apparaissait encore comme l’un des hommes de l’ombre les plus puissants de France : les analystes politiques le présentant comme celui qui avait obtenu le limogeage de l’ancien premier ministre Jean-Marc Ayrault, puis celui du Secrétaire général de l’Elysée, Pierre-René Lemas. On prêtait aussi à ce spécialiste des questions de santé des visées sur l’avenue de Ségur. L’affaire tient décidément du paradoxe : celui qui est aujourd’hui accusé de conflit d’intérêts avec l’industrie pharmaceutique est l’auteur du fameux rapport de l’IGAS de 2011 sur l’affaire Mediator, qui était particulièrement sévère à l’encontre des laboratoires Servier.
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