L'agence nationale du médicament et des produits de santé (ANSM) alerte les professionnels de santé sur le rôle aggravant, en cas d'infection, des anti inflammatoires non stéroïdiens les plus employés : ibuprofène et kétoprofène. Cette mise en garde s'appuie sur une enquête menée par les centres régionaux de pharmacovigilance de Tours et Marseille, diligentée par l'agence.
Les auteurs ont rassemblé les données sur 337 cas de complications infectieuses observées sous ibuprofène et 49 cas sous kétoprofène, depuis le début des années 2000. Ces 386 cas ont été retenus car il s'agissait des cas les plus graves chez des enfants ou des adultes sans facteur de risque ni comorbidité.
Les durées de traitement par AINS avant apparition des complications infectieuses (essentiellement à Streptocoque ou à Pneumocoque) étaient courtes, 2 à 3 jours, dans des circonstances très variées : automédication, prescription médicale, dans l'indication de fièvre d'atteintes cutanées bénignes d’aspect inflammatoire, des manifestations respiratoires ou ORL. « L’analyse de ces cas ainsi que l’analyse des données de la littérature, suggère que ces infections, en particulier à Streptocoque, pourraient être aggravées par la prise de ces AINS », conclue l'ANSM.
L'ANSM rappelle les règles de bon usage
L'agence appelle les professionnels de santé à « privilégier l’utilisation du paracétamol en cas de douleur et/ou de fièvre, notamment dans un contexte d’infection courante comme une angine, une rhinopharyngite, une otite, une toux, une infection pulmonaire, une lésion cutanée ou la varicelle, en particulier en automédication. » Selon les règles du bon usage des AINS en cas de douleur et/ou fièvre consiste, ces médicaments doivent prescrits et utilisés à la dose minimale efficace, pendant la durée la plus courte et arrêté dès la disparition des symptômes. Le traitement ne doit pas se prolonger au-delà de 3 jours en cas de fièvre ni au-delà de 5 jours en cas de douleur. Il est en outre interdit de prendre deux AINS simultanément.
L’ANSM rappelle que « les AINS sont déjà connus comme pouvant être à l’origine de complications cutanées bactériennes graves (fasciite nécrosante) lorsqu’ils sont utilisés au cours de la varicelle ». Or l'enquête de l'agence a mis en évidence que des AINS continuaient à être prescrits lors d'une varicelle.
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