Les vertus anticancéreuses de l'aspirine confirmées

Publié le 04/03/2016
aspirine

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Crédit photo : GUSTOIMAGES/SPL/PHANIE

Prendre régulièrement de l'aspirine sur de longues périodes réduirait nettement le risque de cancer colorectal, montre l'analyse de deux vastes études publiées dans le Journal of the American Medical Association, Oncology, qui confirment les vertus anticancéreuses de la molécule. "Nous pouvons désormais recommander à un grand nombre de personnes d'envisager de prendre de l'aspirine pour réduire leur risque de cancer colorectal", affirme le Dr Andrew Chan, chef de l'unité d'épidémiologie clinique à l'hôpital général du Massachusetts (MGH), un des principaux auteurs de l'étude.

"Les résultats de nos travaux signifient que l'aspirine peut prévenir un nombre significatif de cancers colorectaux, en plus de ceux pouvant être évités grâce au dépistage. Elle peut en empêcher encore davantage parmi des populations ne bénéficiant pas de coloscopie", souligne-t-il. Toutefois, a précisé le Dr Chan "à ce stade, nous ne sommes pas en mesure de faire une recommandation générale de l'usage de l'aspirine pour la prévention de toutes les formes de cancers" .

De nombreuses études ont déjà montré que le fait de prendre régulièrement de l'aspirine est un moyen de prévenir le cancer du colon, mais ses effets pour réduire le risque de l'ensemble des cancers ne sont pas encore clairement établis, relèvent également ces chercheurs qui font état d'une réduction absolue de seulement 3% pour toutes formes de tumeurs.

Pour arriver à ces conclusions, ils ont analysé les données médicales de près de 136.000 participants, hommes et femmes, portant sur une période de 32 ans. Les résultats suggèrent que ceux qui disent absorber régulièrement de l'aspirine, à savoir une dose standard (300 mg) ou faible (80 mg), au moins deux fois par semaine, réduisent de 19% leur risque de cancer colorectal et de 15% celui de toutes les formes de tumeurs gastro-intestinales par rapport à ceux n'en prenant pas de manière régulière. Cependant, l'usage régulier de l'aspirine n'a apparemment pas montré spécifiquement de réduction du risque de cancer du sein, de la prostate ou du poumon, selon cette étude.

Les effets protecteurs de cet anti-inflammatoire se feraient sentir après cinq ans d'usage continu de doses allant de la moitié à un comprimé et demi une fois par semaine, ou d'une faible dose prise quotidiennement.

En extrapolant leurs résultats, les chercheurs américains ont calculé que la prise régulière d'aspirine pourrait éviter jusqu'à 30.000 cancers gastro-intestinaux par an aux Etats-Unis, ainsi que 7.500 tumeurs colorectales parmi les plus de 50 ans qui ont des coloscopies et 9.800 de ces cancers chez les quelque 30 millions de personnes ne bénéficiant pas de ces dépistages. Si les résultats de cette étude observationnelle sont probants, ils ne peuvent pas être aussi solides que ceux d'un essai randomisé, concèdent cependant les chercheurs.

Les vertus supposées de l'aspirine pour diminuer le risque de cancer ont été évoquées il y a déjà plusieurs années. Mais entre temps, certains études étaient venues relativiser cet effet.


Source : lequotidiendumedecin.fr