[Mise à jour le 11/01/2017]
Suite à la publication d'une étude sur la prise soutenue l'ibuprofène et les risques reproductifs chez l'homme, l'Agence du médicament vient d'éditer un communiqué. Il précise qu'à ce stade, ces résultats ne changent pas le rapport bénéfice/risque de l'ibuprofène utilisé dans le cadre de son AMM. L'Agence rappele cependant aux médecins de prescrire la posologie efficace la plus faible possible pour « la durée la plus courte nécessaire au soulagement des symptômes du patient. »
Production d'hormones en baisse
Cette étude menée par des chercheurs de l’Inserm au sein de l’Irset (Institut de recherche en santé environnement, santé et travail) montre que la prise soutenue d’ibuprofène induit chez de jeunes hommes sportifs un déséquilibre hormonal habituellement rencontré chez l’homme âgé et appelé « hypogonadisme compensé ». Ces résultats sont publiés dans les Proceedings of the National Academy of Sciences.
Cette nouvelle étude de chercheurs de l'Inserm articule à la fois - un essai clinique impliquant 31 hommes volontaires sportifs âgés de 18 à 35 ans dont la moitié a pris de l’ibuprofène; – des cultures de fragments de testicules humains exposés à l’ibuprofène et issus de prélèvements ; – et des cultures d’une lignée immortalisée de cellules humaines.
Par ailleurs, grâce à des travaux menés ex vivo et in vitro, des effets directs sur la production de testostérone ont pu être mis en avant. L’ibuprofène s’avère inhiber une hormone produite par les cellules de Sertoli – l’inhibine B – qui est responsable de la régulation de l’hormone folliculo-stimulante (FSH). La production d’hormone anti-mullérienne par les cellules de Sertoli est elle aussi inhibée, tant chez les volontaires exposés à l’ibuprofène, que dans les cultures de fragments de testicules humains. Enfin, la production des prostaglandines testiculaires est bloquée par l’ibuprofène lors des tests menés ex vivo et in vitro.
1,2 g d'ibuprofène par jour pendant 6 semaines
Au total, cette étude démontre que la prise prolongée à des doses importantes d’ibuprofène (1 200 mg/jour pendant 6 semaines) exerce chez les jeunes hommes des effets perturbateurs endocriniens sévères conduisant à un état appelé « hypogonadisme compensé ». Cet état habituellement rencontré chez environ 10 % des hommes âgés, est généralement associé à des risques accrus pour la santé reproductive, comme pour la santé en général.
Pour Bernard Jégou, directeur de recherche à l’Inserm et coordinateur de cette étude, les conclusions de ce travail sont à prendre au sérieux : « Il existe des sous-populations d’hommes qui prennent de façon continue de l’ibuprofène, notamment des hommes ne souffrant d’aucune maladie chronique comme des athlètes de haut niveau. Si cet état d’hypogonadisme compensé s’installe, le risque pour eux est d’accroître les risques déjà liés à ce médicament, mais aussi d’altérer leur condition physique (muscles et os), d’hypothéquer leur santé reproductive et même psychologique. »
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