Dommage… Les généralistes étaient pourtant les mieux placés pour prescrire l’isotrétinoïne. Mais trop de grossesses sous rétinoïdes, des naissances d’enfants malformés, une inadéquation vis-à-vis des recommandations de prescription ont poussé l’Ansm à réserver la primoprescription aux seuls dermatologues. Pour le moins cette décision est singulière. D’une part, les généralistes font de la dermatologie faute de dermatos. Et, d’autre part, qui serait mieux placé que le médecin traitant pour prescrire une contraception, en assurer le suivi, vérifier l’observance ou renforcer le message éducatif auprès de la famille ? Qui mieux que lui connaît l’adolescent suivi depuis l’enfance ? Certainement pas le dermatologue…
Certes, selon les données de l’Assurance Maladie, entre 2007 et 2013, ces spécialistes auraient eu la main deux fois moins lourde sur l’isotrétinoïne que les généralistes. Ces derniers ne respectant pas assez le fameux délai d’un an d’antibiothérapie avant le passage aux rétinoïdes. Mais est-il si simple de faire patienter autant un ado défiguré par une acné sévère ? Alors que tous les experts internationaux alertent sur l’antibiorésistance, certains médecins ont pu être embarrassés en rédigeant l’ordonnance : entre deux maux, lequel est le moindre ?
Alors, bien sûr, l’Ansm a alerté à plusieurs reprises par le passé sur le risque des rétinoïdes via des lettres aux prescripteurs. Pour autant, ce passage à l’acte autoritaire est-il la bonne solution ? L’agence du médicament donne l’impression de vouloir casser le thermomètre pour faire tomber la fièvre. Il est certain qu’avec l’évolution démographique des dermatologues en France, le taux de prescription d’isotrétinoïne sera mathématiquement voué à la baisse et, par conséquent, les effets indésirables aussi. En jouant les gendarmes sanitaires de la sorte, elle passe outre la responsabilité du pharmacien lors de la délivrance du médicament. Mais aussi, on peut s’étonner de la non-consultation du Collège de la médecine générale en amont de la signature finale cependant validée par des sociétés savantes de dermatologie. Celles de médecine générale disposent pourtant d’outils idoines au suivi en vie réelle des médicaments à risque à même d’identifier les situations méritant une attention particulière. Au final, en signant cette interdiction, ce sont les ados en souffrance que le gouvernement pénalise, ceux qui ont déjà tant de mal à endosser leur peau d’adulte.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation