Les pénuries de médicaments qui touchent le pays depuis plusieurs mois concernent cette fois-ci la pilule abortive.
C’est l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament (OTMeds) qui a sonné l’alarme il y a déjà plusieurs semaines. Le misoprostol a été ou est encore difficile, voire impossible à trouver, dans de nombreux territoires. C'est le cas par exemple à Lille début avril, à Versailles, à Issy-les-Moulineaux dans les Hauts-de-Seine, a-t-il rapporté.
« Nous avons reçu récemment de nouveaux témoignages indiquant qu'il n'est pas disponible non plus en Occitanie ou dans certaines pharmacies parisiennes », a indiqué Pauline Londeix, cofondatrice de cet observatoire.
Dans un communiqué publié ce mercredi 19 avril, le ministère de la Santé explique que dès la fin 2022, l’ANSM a été informée par le laboratoire Nordic Pharma de retards de fabrication pour sa spécialité Gymiso.
« Ce retard a entraîné une perturbation de la couverture des besoins en Gymiso, qui a conduit à un report d’utilisation vers Misoone, autre spécialité à base de Misoprostol du même laboratoire, auquel est venu s'ajouter un retard d’approvisionnement en matière première pour ce dernier », détaille le ministère.
En conséquence, des tensions d’accès au Misoprostol ont été constatées dans « certains point du territoire ». « À la suite de ces difficultés rencontrées par le laboratoire, le ministre de la Santé et de la Prévention s’est assuré que l’ANSM avait pris les mesures de gestion nécessaires afin de garantir son accès aux professionnels de santé et aux centres IVG », explique le ministère de la Santé.
Contingentement de la distribution
En effet un contingentement de la distribution de ce médicament a été mis en place dans les officines. Les pharmacies de ville peuvent uniquement commander au niveau de leur grossiste des boîtes d’un comprimé destinées aux professionnels de santé réalisant des IVG en ville.
Les boîtes de 16 comprimés sont, quant à elles, réservées à un usage en établissement de santé. La vente et l’exportation de ces médicaments par les grossistes-répartiteurs vers l’étranger a également été interdite.
L’ANSM comme le ministère assure que le problème est en passe d’être résolu avec d’importantes livraisons de la spécialité Gymiso (46 500 boîtes) qui ont débuté depuis le 7 avril, selon le ministère. Cela couvre plus de trois mois de consommation habituelle.
« Ces livraisons ont permis d’honorer des commandes en attente, les boîtes restantes assurant une couverture large des besoins », explique le ministère.
Pour la spécialité Misoone, il existe toujours des tensions sur la présentation en boîte d'un comprimé, mais elles « s’estomperont rapidement grâce à des livraisons en cours (45 000 boîtes) à partir de cette semaine », rassure Ségur.
Le ministère ajoute que pour consolider les approvisionnements, une importation de la spécialité Misoone italienne est en cours.
« Le ministre de la Santé et de la Prévention veillera bien entendu avec l’ANSM au respect strict des engagements des laboratoires fabriquant ce médicament », ajoute-t-il.
Réorienter vers les centres IVG
Les tensions d’approvisionnement sur la pilule abortive font craindre des difficultés d’accès à l’IVG, les IVG étant très majoritairement médicamenteuses depuis plusieurs années.
En effet, selon les dernières données de la Drees, en 2021 en France 76 % des IVG étaient médicamenteuses et 76 609 avaient eu lieu en ville.
Dans son communiqué, le ministère précise que les professionnels de santé qui auraient aujourd’hui des difficultés temporaires à s’approvisionner auprès de leur pharmacie habituelle peuvent orienter les patientes vers les centres IVG les plus proches.
« Ils disposent de solutions adaptées pour garantir l’accès à l’interruption volontaire de grossesse partout sur le territoire », assure-t-il.
François Braun ajoute également que lui-même et le gouvernement « sont plus que jamais déterminés à préserver ces droits fondamentaux » de l’accès à la contraception et à l’IVG. Il rappelle aussi qu’Emmanuel Macron s’est engagé récemment à inscrire le droit d’accès à l’IVG dans la Constitution.
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