Une étude de cohorte française appelée SPAM montre que des femmes sont exposées au cours de leur grossesse au tériflunomide (Aubagio), un des traitements de la sclérose en plaques, malgré les recommandations. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a alors rappelé que ce médicament est contre-indiqué chez les femmes enceintes ou ayant un projet de grossesse, de potentiels effets embryotoxiques et tératogènes ayant été mis en évidence chez l'animal.
Le médicament peut subsister dans l'organisme plusieurs mois après l'arrêt du traitement. En cas de projet de grossesse, il existe une procédure d'élimination accélérée en 11 jours par colestyramine ou charbon actif. L'ANSM rappelle qu'il faut « prévoir un mois et demi entre la date de première détection d’une concentration inférieure à 0,02 mg/l et la date de fécondation ».
Dans les cas où le traitement de fond de la SEP ne peut être arrêté durant la grossesse, les interférons et l'acétate de glatiramère peuvent prendre le relais. « Aucune grossesse ne devrait donc être exposée à l’Aubagio », soulignent les auteurs de l'étude SPAM.
44 grossesses sur 2 639 concernées
À partir des données du SNIIRAM, l'étude SPAM menée par une équipe de Rennes, a inclus 44 008 femmes atteintes de SEP et âgées de 15 à 49 ans non stériles entre le 1er août 2014 et le 31 décembre 2016.
Parmi les 2 639 grossesses survenues au cours de cette période, 47 concernaient des femmes sous Aubagio. « Pour ces grossesses, la procédure d’élimination accélérée n’avait pas été réalisée ou de manière incorrecte (durée insuffisante) », indiquent les auteurs.
Sur ces 47 grossesses, seules 23 ont conduit à la naissance d'enfants nés vivants. Vingt-deux interruptions volontaires ou médicales de grossesse ont été rapportées : c'est trois fois plus que dans les groupes non exposés à Aubagio. « Ce fort taux laisse suspecter des grossesses non prévues ou "accidentelles" ou témoigne de la décision prise en conséquence de l’exposition à un produit tératogène », avancent les auteurs. Deux fausses couches spontanées sont également survenues.
« Il n’a pas été observé de conséquences immédiates de l’exposition à Aubagio sur la santé des nouveau-nés à la naissance », précisent les auteurs.
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