Face au mésusage intraveineux de la buprénorphine (Subutex®), la réponse a longtemps été le passage sous méthadone, réputée non injectable, mais comme le montrent les statistiques, ce n'est pas la bonne réponse. Commercialisés en France (après 46 autres pays), en janvier 2012, les comprimés sublinguaux de Suboxone® (buprénorphine + naloxone, antagoniste spécifique des opioïdes) constituent aujourd'hui une alternative très intéressante, comme le montre l'étude RIME, coordonnée par le Dr Didier Touzeau, chef du pôle Addictions et du CSAPA Liberté du Groupe hospitalier Paul-Guiraud (Villejuif).
Résultats spectaculaires
Les études internationales prouvant l'efficacité de Suboxone® dans le traitement de la dépendance aux opioïdes sont nombreuses. Mais jusqu'ici aucune étude n'avait cherché à montrer son intérêt « dans la vraie vie » pour réduire le mésusage du médicament de substitution aux opioïdes par voie intraveineuse chez des patients dépendants s'injectant de la buprénorphine à 21 reprises par semaine en moyenne. Cette étude, menée en ouvert dans 20 centres, a inclus 158 volontaires désireux d'arrêter cette pratique, en majorité des hommes, âgés en moyenne de 36 ans, héroïnomanes depuis 12 ans en moyenne et traités à l'inclusion par buprénorphine. 79 d'entre eux ont reçu du Suboxone® et les 79 autres de la buprénorphine seule. Au bout de 3 mois, 89,6 % des patients du groupe Suboxone® sont parvenus à réduire le nombre d'injections par semaine d'au moins 30 % contre 45,8 % dans le groupe buprénorphine, une différence significative. Par ailleurs, 74,2 % des patients du groupe Suboxone® ont déclaré avoir réussi à arrêter les injections versus 15,9 % dans le groupe buprénorphine. « Ils ont trouvé moins agréable l'injection de Suboxone® et ont donc été moins soumis à la tentation du mésusage. Ils n'ont pas non plus compensé en surconsommant de l'alcool ou d'autres substances », précise le Dr Touzeau. « À dire vrai, nous ne nous attendions pas à des résultats aussi spectaculaires ni aussi rapides ».
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