Le « Mois sans alcool » n'aura pas lieu avec le soutien des autorités sanitaires en France en janvier prochain. Pas parce qu'il a été abandonné... mais car ce projet n'a jamais été validé par le ministère de la Santé. « La campagne est en train d'être travaillée. Cette mesure n'a pas encore été validée par le ministère de la Santé, elle ne m'avait pas été proposée », a affirmé Mme Buzyn sur France Info. Pas sûr que cette explication satisfasse les associations de patients et d'addictologues.
Depuis plusieurs jours le projet de « Mois sans alcool » est l'objet de discussions. Ce format, calqué sur le défi « Dry January » lancé en 2013 en Angleterre par l'association Alcohol Change, consiste à cesser, ou au moins diminuer, sa consommation d'alcool pendant le premier mois de l'année. Or, la perspective de cette campagne en France, sous l'égide des pouvoirs publics, était espérée par plusieurs associations d'addictologie... mais elle suscitait l'opposition du lobby de l'alcool.
Le 14 novembre dernier, lors d'un déplacement en Champagne, le président de la République Emmanuel Macron s'est adressé aux représentants de la filière viticole. « Vous pouvez faire savoir qu'il n'y aura pas de Janvier Sec », aurait-il déclaré selon les propos rapportés par le coprésident du Comité Champagne, Maxime Toubart, au site spécialisé Vitisphère.
« Dérobade de l'État »
Depuis des associations et des addictologues ont dénoncé cet abandon. « On a eu de source sûre une confirmation que la campagne ne serait pas portée par l’État cette année », a déclaré à l’AFP Nathalie Latour, déléguée générale de la Fédération addiction, qui regroupe plus de 200 associations de prévention. « Il y a eu des arbitrages sur un coin de table qui interrogent, alors que des budgets étaient fléchés et que des gens étaient au travail », a-t-elle ajouté, dénonçant « une dérobade de l’État ».
« La prévention sur l'un des problèmes de santé publique les plus importants, ne peut rester indéfiniment sans réponse, sous prétexte qu'un des lobbies économiques les plus puissants s'oppose à toute mesure efficace », ont aussi écrit dans un communiqué commun le Fonds Actions Addictions qui regroupes trois associations d'addictologues (SFA, FFA, et ANPAA) et la Ligue contre le cancer.
Vers un Dry January malgré tout
Agnès Buzyn a réfuté l’idée d’un abandon, car selon elle le projet est seulement à l’état de chantier. L'agence sanitaire Santé publique France n'a jamais annoncé officiellement le lancement de cette opération de sensibilisation aux risques de l'alcool. Mais une source interne a indiqué mercredi à l'AFP que le projet avait effectivement été préparé et aurait dû être officiellement dévoilé très prochainement, pour un lancement en janvier.
« Nous avons un comité interministériel dédié à la prévention en santé en février et c'est à ce moment-là que les programmes de prévention sont validés par le gouvernement », a poursuivi Mme Buzyn, confirmant donc implicitement que le Mois sans alcool n'aurait pas lieu en janvier.
« Les équipes de Santé publique France ont travaillé sur des campagnes qui ne sont pas encore abouties et sur lesquelles je dois prendre position mais ça n'est pas forcément ce format-là qui sera retenu », a-t-elle poursuivi.
Face à cet « abandon », les associations ont décidé de se passer de l'appui des autorités sanitaires et de lancer malgré tout la campagne « Dry January France »
Le #DryJanuary à la française aura bien lieu !
— Fédération Française d'Addictologie (@FFAddictologie) November 22, 2019
Un "Défi pour janvier"
Faire une pause pour évaluer son rapport à la consommation d'#alcool https://t.co/UQBbqguf4p pic.twitter.com/9DK0lFJK8J
Allez c’est parti !
— Dry January FRANCE (@fr_dry) November 20, 2019
Le #DryJanuary c’est quoi ?
On vous explique tout, vous êtes prêts-es ? #Thread pic.twitter.com/99J6QQ5702
(avec AFP)
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation