Le neurologue français, qui a décrit pour la première fois la narcolepsie, est né en Gironde, à Blaye, le 23 décembre 1828, dans une famille de viticulteurs. Entré comme élève chirurgien à l’Ecole de la Médecine de Rochefort, il s’y fait rapidement remarquer et est mandaté par le directeur pour prendre en charge l’épidémie de choléra qui sévit à La Rochelle.
Interne des Hôpitaux de la marine en 1849 et chirurgien de 3e classe en 1850, il s’embarque pour les colonies françaises de l’Océan Indien et fait de longs séjours à La Réunion d’abord puis aux Comores et à Mayotte. De ces voyages, il publie un livre « Voyage à l’île de la Réunion » qui ne paraîtra cependant qu’un an avant sa mort où il s’attarde longtemps sur l’abolition de l’esclavage.
À la Réunion, il occupe un poste de médecin à l’hôpital psychiatrique de Saint-Paul où les moyens sont tellement réduits que les soins se bornaient, selon lui, « aux deux grands facteurs qui, après tout, agissent le plus favorablement sur les aliénés : le calme avec l'absence de tout bruit et l'isolement ».
Ces longs séjours dans l’Océan Indien donnent le sujet de sa thèse (« Aperçu médical de l’île Mayotte ») à Gélineau qui la soutient le 14 août 1858 à la Faculté de Médecine de Montpellier. Aussitôt, il rempart en mer à bord de la corvette « L’Embuscade » où il doit faire face à une épidémie de « coliques sèches » et une autre d’angine de poitrine.
Un héros de la guerre de 1870
A son retour, il est nommé chirurgien de la fonderie des canons de la marine à Ruelle (Charente), poste qu’il quitte bientôt, démissionnant de la Marine, pour s’installer comme médecin de campagne à Ruelle puis à Aigrefeuille-d’Aunis, en Charente-Inférieure.
Après s’être engagé comme chirurgien-major durant la guerre de 1870 dans un des régiments de la Charente-Inférieure où son dévouement dans la lutte contre les épidémies de rougeole et de variole lui vaut la Légion d’honneur, Gélineau vient s’installer à Paris où il se spécialise dans les maladies nerveuses. Partagé entre son cabinet de consultation et la clinique privée où il fait hospitaliser ses malades, le neurologue trouve néanmoins le temps de faire publier neuf ouvrages médicaux.
C’est son observation de la narcolepsie qui va valoir sa notoriété à Gélineau en 1880. Cette « maladie » inconnue qui se caractérise par des pertes brutales du tonus musculaire lors d’une émotion et par un état de somnolence permanent vient de lui être décrite par un de ses patients qui, deux ans plus tôt au Jardin des Plantes a connu un étrange malaise. Venu assister au spectacle de la maison des singes, leurs pitreries l’ont fait rire à gorge déployée jusqu’à ce que ses pensées se troublent, que ses jambes deviennent lourdes et qu’il tombe comme une masse.. Bien qu’entendant les voix des badauds accourus lui proposer de l’aide, il se sent incapable de bouger ou de parler avant, finalement, de se relever seul au bout de quelques minutes.
À partir de ce témoignage et des observations qu’il faisait sur son voisin de palier, sujet à de curieux accès d’endormissement Gélineau est donc est le premier à donner une description de ce syndrome dans un article de trois pages dans « La Gazette des Hôpitaux », où il crée le terme de « narcolepsie » (de ν?ρκη, ν?ρκωσις (narkê, narcosis) : « engourdissement », « somnolence », et de ληψις, ληπτικ?ς (lepsis, lepticos) : « saisir », « prendre subitement »).
La première mutuelle confraternelle
Gélineau déborde, par ailleurs, d’activités, créateur de la Société Française des Eaux minérales et d’une des premières mutuelles confraternelles, La Prévoyance médicale.
Son succès vint aussi de ces fameuses « Dragées du Dr Gélineau », des pastilles arséniobromées prescrites dans le traitement des névroses et de l’épilepsie. Gélineau décrit ainsi les effets de son médicament dans son ouvrage sur les « Névroses spasmodiques » : « Chacun pourra remarquer qu'une fois la médication entreprise, nos confrères la continuent pendant des années entières, heureux de voir se maintenir le succès obtenu, constatant sa supériorité sur les autres remèdes et ne permettant pas à leur malade d'abandonner le remède qui l'a soulagé pour un autre dont l'efficacité est problématique, tendance trop commune
chez l'épileptique qui, désireux de changer avec l'espoir d'arriver à du mieux, court d'un traitement à un autre, de l'homéopathe à la sommanbule... et finit par perdre son intelligence, sa mémoire et sa vie pour avoir abandonné le remède qui le défendait contre la mort et l'imbécillité. »
Médecin célèbre, viticulteur renommé
En 1900, alors qu’il est âgé de 72 ans se retire de la scène médicale et revient à ses sources, se faisant viticulteur comme ses parents, à Blaye, dans son château de Sainte-Luce acquis grâce à la fortune ramassée grâce à ses dragées. Et avec un succès certain puisque ses vins récoltèrent moultes récompenses : médaille d’or à l’exposition d’Anvers, diplôme d’honneur à Amsterdam et nouvelle médaille d’or à l’Exposition universelle du travail à Paris.
Jean-Baptiste Gélineau meurt le 2 mars 1906 à Argelès-Gazost alors qu’il fait une cure thermale.
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