Les plannings des blocs de chirurgie cardiaque vont-ils changer ? Selon une étude menée par une équipe lilloise et publiée dans le Lancet, les complications cardiaques sont moins fréquentes et moins sévères lorsque cette chirurgie est réalisée l'après-midi versus le matin. En effet, l'équipe lilloise des Professeurs David Montaigne et Bart Staels (Institut Pasteur de Lille/CHU de Lille/Université de Lille/INSERM) a découvert un impact du moment de la journée sur l'incidence des pathologies cardiaques impliquant l'horloge moléculaire circadienne du cœur.
L’étude prospective a porté sur 596 patients avec fraction d’éjection systolique préservée ( > 50 %) nécessitant un remplacement valvulaire aortique pour sténose serrée. Ils ont été appariés selon le moment de la journée de leur intervention : 298 le matin et 298 l’après-midi. Sur les 500 jours de surveillance postopératoires, les auteurs ont constaté que l’incidence des complications post-opératoires était plus faible dans le groupe opéré l’après-midi. Le taux de troponine T cardiaque péri-opératoire était significativement plus faible pour les patients opérés l’après-midi.
Toute chirurgie cardiaque nécessite un clampage aortique qui, de fait, impose au myocarde une séquence d'ischémie-reperfusion. Selon les auteurs, la tolérance à ce cycle serait modulée par la suppression de l'activité circadienne du récepteur nucléaire, Rev-Erbɑ. Chez la souris, la délétion de ce gène ou son inhibition réduit le traumatisme myocardique et permet de diminuer la susceptibilité cardiaque à l'ischémie observée lors du réveil.
En effet, le fonctionnement de l'organisme est soumis à un rythme biologique calé sur un cycle d'une journée de 24 heures. Ce rythme biologique est le fruit de l'interaction entre l’horloge centrale cérébrale et les horloges périphériques localisées dans chaque organe (cœur, foie, muscles…). Ces horloges périphériques permettent d'optimiser le fonctionnement de chaque organe en fonction du contexte environnemental. Elles doivent être resynchronisées en permanence, grâce au tempo cérébral permettant une synchronisation en fonction de la lumière externe (jour-nuit).
De fait, la majorité des infarctus du myocarde et des accidents vasculaires cérébraux surviennent en fin de nuit ou au petit matin. C'est la raison pour laquelle l'équipe lilloise a cherché à déterminer l'impact du moment de la journée sur la tolérance à l'ischémie myocardique imposée lors d'une chirurgie cardiaque de remplacement valvulaire, et le mécanisme moléculaire impliqué afin de trouver de nouvelles cibles de traitement.
Cette découverte découle des premières recherches effectuées dans les années 1970-1980 mettant en avant l'existence d'une horloge moléculaire au sein de chaque cellule de l'organisme, récemment récompensées par le prix Nobel de Physiologie et Médecine 2 017. Ces découvertes laissent entrevoir de nouvelles approches thérapeutiques dans la pathologie cardiaque, et plus précisément dans le contexte de l'ischémie myocardique.
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