En vie réelle, les vaccins de Pfizer et d’AstraZeneca permettent bel et bien de réduire les admissions à l’hôpital. Et ce même en dose unique. C’est du moins ce que suggère une vaste étude écossaise – la première fondée sur l'intégralité des données de vaccination anti-Covid-19 d'un pays – prépubliée en fin de semaine dernière sur le serveur SSRN mais encore non relue par des pairs.
« Les précédents résultats disponibles sur l'efficacité des vaccins proviennent d'essais cliniques », rappelle l’Université d’Edimbourg, qui a coordonné l’étude. Mais alors que les vaccins sont utilisés par de nombreux pays, « il y a un besoin urgent d’évaluer [leurs] effets en vie réelle » afin de compléter les données recueillies lors des investigations de phase 3, pointent les auteurs de ce travail. Et parce que le Royaume-Uni a décidé d’espacer au maximum les délais entre les deux doses parfois au-delà des préconisations des fabricants, les chercheurs se sont donné pour objectif d’estimer l’efficacité d’une seule injection des vaccins disponibles Outre-Manche – soit Comirnaty et le vaccin d’AstraZeneca – vis-à-vis de la prévention des hospitalisations pour Covid-19.
Pour ce faire, les auteurs ont analysé un ensemble de données couvrant toute la population écossaise – soit 5,4 millions d’habitants. Ces données – issues des dossiers de médecins généralistes, des hôpitaux, des registres de décès ou encore des laboratoires d’analyses – ont été recueillies entre le 8 décembre et le 15 février, période pendant laquelle 1,14 million de vaccins (650 000 doses de vaccin de Pfizer et 490 000 doses du vaccin d’AstraZeneca) ont été administrés. Les chercheurs ont comparé le risque d’hospitalisation des individus ayant reçu une dose de vaccin à celui des sujets non vaccinés.
Efficacité supérieure à 80 % même chez les plus âgés
Résultat : une capacité des vaccins à réduire le risque d’hospitalisation a bien été observée. Et ce quelle que soit la période post-vaccinale considérée.
Toutefois, un pic d’efficacité de la première dose de vaccin a été identifié. Dans l’étude, entre j28 et j34 après l’injection, les vaccins de Pfizer et d’AstraZeneca réduisaient en effet le risque d’hospitalisation pour Covid-19 de 85 % et 94 %, respectivement.
L’efficacité de ces doses uniques de vaccins en matière de prévention des hospitalisations a par ailleurs également été mise en évidence chez les personnes âgées de plus de 80 ans, particulièrement à risque de formes graves (donc d’hospitalisation) et prioritairement visées par les campagnes de vaccination. Dans cette population, les vaccins de Pfizer et d’AstraZeneca permettraient, globalement et plus de 28 jours après injection, de réduire d’un peu plus de 80 % le risque d’hospitalisation.
Des données encourageantes aussi en Israël
À noter que l’Écosse n’est pas le seul pays à tester l’efficacité des vaccins anti-Covid-19 en vie réelle. Si aucune étude d’une telle ampleur ne semble avoir été menée dans d’autres pays à l’heure actuelle, des données encourageantes ont aussi été rapportées en Israël.
Ainsi une première étude prépubliée fin janvier et conduite auprès de 500 000 individus peut-elle fournir des informations complémentaires concernant l’efficacité d’une dose unique de vaccin. D’après ce travail, l’efficacité préventive – cette fois vis-à-vis d’une contamination symptomatique par le SARS-CoV-2 – d’une dose de Comirnaty pourrait se chiffrer à 51 % entre j13 et j24 après l’administration. Efficacité estimée à 30 % entre j1 et j14 après l’administration, et 75 % entre j15 et j28 par une autre étude conduite sur près de 10 000 soignants. Concernant l’efficacité de deux doses du vaccin de Pfizer, des communiqués récents concernant une étude conduite par l'Institut israélien Clalit sur 1,2 million de personnes évoquent 94 % d'efficacité vaccinale.
La durée de la protection toujours inconnue
Quoi qu’il en soit, ces recherches présentent un certain nombre de limites qui pourraient avoir contribué à surestimer l’efficacité des vaccins. Par exemple, le travail écossais ne prend pas en compte les hospitalisations en service de réanimation.
En outre, des inconnues demeurent concernant l’efficacité des vaccins. Parmi les principales, citons la durée de la protection, la capacité des vaccins à prévenir la transmission du coronavirus et surtout la couverture vaccinale minimale efficace associée à un infléchissement des indicateurs épidémiques.
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