Y a-t-il une immunité croisée entre coronavirus saisonniers et SARS-CoV-2 ? La question a été récemment posée en raison de la mise en évidence d’anticorps et de cellules immunitaires ciblant le SARS-CoV-2 chez des individus avant la phase épidémique. Mais une étude française menée par un consortium de l’Institut Pasteur, l’AP-HP, l’Inserm et l’Université de Paris tend par répondre à la négative.
Les enfants étant globalement moins affectés par le Covid-19 que les adultes, les auteurs ont cherché à savoir si cela pouvait s’expliquer par une immunité croisée liée à des infections antérieures par des coronavirus saisonniers, fréquentes dans cette population.
L’étude a été menée dans 7 hôpitaux de Paris et de la proche couronne, auprès de 739 enfants (de 0 à 18 ans) pauci ou asymptomatiques et 36 jeunes patients présentant un syndrome apparenté à la maladie de Kawasaki.
La prévalence, la spécificité antigénique et la capacité de neutralisation des anticorps du SRAS-CoV-2 ont été testées dans l’ensemble de la cohorte. La fréquence et le titre des anticorps contre la nucleocapside et la protéine S des quatre coronavirus saisonniers (NL63, HKU1, 229E, OC43) ont été mesurés dans un sous-ensemble de 69 patients séropositifs pour le SARS-CoV-2 (dont 15 suspects de pseudo-Kawasaki) et chez 118 patients séronégatifs appariés (sous-groupe contrôle).
Des anticorps présents mais non protecteurs
Les résultats pré-publiés sur Medrxiv montrent que la présence et le taux d'anticorps contre les quatre coronavirus saisonniers, (retrouvés chez 67 à 100 % des enfants en fonction des virus), sont comparables que les enfants soient séronégatifs ou séropositifs pour le SARS-CoV-2, y compris pour les patients ayant un syndrome apparenté à la maladie de Kawasaki. Ainsi, « une infection antérieure par un coronavirus saisonnier ne prévient pas l'infection par le SRAS-CoV-2 et les autres maladies associées comme le syndrome apparenté à la maladie de Kawasaki » concluent les auteurs.
Si le virus du Covid-19 se comporte comme les coronavirus saisonniers, « cette observation interroge sur la capacité de la population à atteindre un niveau d'immunité suffisant pour empêcher la réapparition régulière de la maladie », estime Marc Eloit, co-auteur de l’étude et responsable du Laboratoire de Découverte de pathogènes à l’Institut Pasteur.
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