La survie des patients atteints de cancers classiquement associés à un mauvais pronostic ne s’améliore pas suffisamment. C’est ce que déplore l’Institut national du cancer (INCa), qui avec Santé publique France, le service de Biostatistique des Hospices civils de Lyon et le réseau des registres de cancers Francim, publie cette mi-novembre les nouvelles estimations concernant la survie des Français touchés par le cancer.
Les trois instances se sont intéressées à la survie nette jusqu'en 2018, c’est-à-dire à « la survie qui serait observée si l'on prenait en compte seulement les décès dus au cancer et non à d'autres causes », des patients résidant dans une vingtaine de départements métropolitains et ayant reçu, après l’âge de 15 ans et entre 1989 et 2015, un diagnostic de cancer.
Si, à terme, les données concernant 73 types et sous-types de cancers seront analysées, seules les 12 localisations de cancers les plus fréquentes (sein, prostate, poumon, côlon et rectum), faisant l’objet d’un dépistage organisé (sein, côlon et rectum, col de l’utérus) ou de mauvais pronostic (poumon, pancréas, œsophage, foie, système nerveux central, leucémies aiguës myéloïdes, ovaire, lèvre-bouche-pharynx) ont pour l’heure été étudiées. Ces premières analyses permettent toutefois d’apercevoir deux tendances, dont une « préoccupante ».
Des progrès insuffisants face à l’incidence croissante des cancers de mauvais pronostic
En effet, pour les cancers de mauvais pronostic étudiés, la survie nette à 5 ans reste trop basse. Pour certains d'entre eux, la survie ne se serait même presque pas améliorée ces dernières années, s’alarme l’INCa, qui cite par exemple les tumeurs du système nerveux central, dont le taux de survie à 5 ans stagnerait aux alentours de 25 %. Et si de timides progrès ont été réalisés dans la prise en charge de quelques cancers – à l’instar des cancers du foie (survie multipliée par 3 depuis les années 1990), de l’œsophage (survie doublée en 25 ans), de l’ovaire (augmentation de 14 % de la survie en 25 ans) et des lèves, de la bouche et du pharynx (augmentation de 12 % de la survie entre les diagnostics de 1990 et de 2015) –, ces évolutions demeurent insuffisantes face à l’augmentation de l’incidence de certains cancers. En particulier, la survie à 5 ans des patients atteints de cancer du poumon peine à passer la barre des 20 %, et dépasse tout juste 10 % pour le cancer du pancréas.
Des disparités selon l'âge et le sexe
Autre point d’inquiétude : ces rares améliorations demeurent tributaires de l’âge des patients. Ainsi, si les jeunes adultes semblent survivre plus longtemps à certains cancers de mauvais pronostic, les plus âgés continuent de moins bénéficier des nouvelles prises en charge, suggère l’INCa. Une exception confirme cependant cette règle : le cancer de l’ovaire, « où [les] améliorations s’observent à tous les âges », indique l’INCa.
À noter par ailleurs que des différences de survie selon le sexe continuent d’être observées « en défaveur des hommes ». Et ce, en particulier pour quatre cancers : œsophage (survie à 5 ans de 16 % chez l’homme, contre 20 % chez la femme), de la lèvre/bouche/pharynx (survie de 41 % chez l’homme, contre 56 % chez la femme), poumon (survie de 18 % chez l’homme, contre 24 % chez la femme) et système nerveux central.
Mais l’analyse des chiffres de survie dessine également une dynamique plus rassurante avec le pronostic de quatre cancers très répandus jugé « bon voire très bon », selon l’INCa. Le cancer associé au meilleur pronostic reste le cancer de la prostate, dont la survie nette à 5 ans s’élève à 93 % grâce à une augmentation de 24 % observée entre 1990 et 2010. Deuxième cancer de pronostic favorable : celui du sein, dont la survie de 88 à 89 % à 5 ans aurait gagné 10 points en 25 ans. Enfin, la survie à 5 des patients atteints de cancers du col de l’utérus et colorectaux diagnostiqués entre 2010 et 2015 dépasse les 60 %.
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