C’est une cible thérapeutique prometteuse que des chercheurs de l’Université de Californie à Los Angeles (Ucla) révèlent dans la démence vasculaire. Les scientifiques ont découvert, chez la souris, comment le cerveau pouvait stopper l’inflammation des vaisseaux sanguins et induire une récupération. Leurs résultats, publiés dans Cell, montrent donc comment l’inflammation des vaisseaux exacerbe les dommages causés par la démence vasculaire et démontrent que le fait de cibler ce processus peut favoriser la réparation du cerveau, voire une récupération fonctionnelle. À ce jour, il n’existe aucun traitement médicamenteux pouvant favoriser la guérison de la démence vasculaire.
La démence vasculaire est la deuxième cause de démence – après la démence mixte où la démence vasculaire s’associe à la maladie d’Alzheimer – et trouve un terreau fertile dans les maladies cardiovasculaires. Elle survient généralement après un ou plusieurs accidents vasculaires cérébraux, favorisés eux-mêmes par l’hypertension artérielle, le diabète, l’athérosclérose, les hyperlipémies ou encore le tabagisme. Santé publique France rapporte à ce titre que les maladies cardio-neurovasculaires ont été responsables de plus d’un million d’hospitalisations en 2022 et 140 000 décès en 2021 (soit un décès sur cinq), et que seul un Français sur dix avait une santé cardiovasculaire optimale. D’autre part, les 65-84 ans représentaient plus de la moitié des cas d’AVC en 2022.
Deux systèmes moléculaires identifiés
Dans la démence vasculaire, les lésions cérébrales initiales gagnent peu à peu les tissus alentour. C’est en s’intéressant à ces zones d’expansion dans des modèles murins que les chercheurs ont identifié toutes les molécules qui permettent aux cellules de communiquer (interactome).
L’équipe a ensuite voulu savoir lesquelles avaient une activité élevée ou basse par rapport au cerveau normal. Et les scientifiques ont ainsi identifié le système moléculaire CD39/A3AR comme potentiellement important. Dans la démence vasculaire, le CD39 (une enzyme) et le récepteur A3 de l'adénosine (A3AR) sont régulés à la baisse dans ces deux types cellulaires, en synergie avec le vieillissement et les lésions ischémiques des vaisseaux. « La démence vasculaire étant une maladie du vieillissement, cette double constatation – une régulation à la baisse liée à la fois à la maladie et au vieillissement – a mis en évidence un rôle possiblement important. Le CD39 génère, à travers plusieurs étapes, la molécule d'adénosine, qui se lie à A3AR, et modifie l'inflammation, en réduisant certains de ses effets néfastes », décrivent-ils. Le système Serpine2-Lrp1 s’est aussi montré dysrégulé dans les modèles de démence vasculaire, et associé à la réparation tissulaire et la récupération cognitive.
Repositionnement d’un traitement contre le psoriasis
L’équipe a ensuite testé chez la souris un médicament ciblant ce système et faisant l’objet d’essais cliniques dans le psoriasis, le piclidenoson, un agoniste du A3AR. Les chercheurs ont observé chez la souris que son administration favorisait la réparation du tissu cérébral et la récupération des fonctions de mémoire et de marche. « La découverte la plus excitante est que l'intervention tardive fonctionne encore », ajoutent les auteurs. À partir de ces résultats prometteurs, les chercheurs souhaitent mener d’autres études avant de pouvoir commencer les essais chez l'homme. L'équipe est en train d'optimiser le dosage et d'explorer les biomarqueurs pour suivre l'efficacité de la thérapie.
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