Chikungunya : Mayotte passe en phase d'épidémie

Publié le 02/06/2025

Alors que La Réunion connaît une baisse de la circulation du chikungunya depuis plus d’un mois, Mayotte passe en phase d’épidémie. Les autorités adaptent la surveillance pour éviter que le système de santé déjà très fragilisé ne soit totalement saturé.

Crédit photo : JEANNE ACCORSINI/SIPA

L'archipel français de l'océan Indien Mayotte est passé en phase d'épidémie pour le chikungunya (phase 3 du plan Orsec arboviroses), en raison d’une « transmission intense et généralisée » de cette maladie virale transmise par les moustiques infectés, ont annoncé ce lundi 2 juin les autorités sanitaires.

Depuis le début de l'année, 560 cas confirmés de chikungunya ont été signalés à Mayotte, dont 204 sur la seule semaine du 19 au 25 mai, soit une augmentation de 42 % en sept jours, selon des données provisoires.

« La situation réelle pourrait être largement sous-estimée », a précisé l'organisme Santé publique France (SPF) dans son nouveau bulletin, soulignant que les cas confirmés sont « en constante augmentation depuis plusieurs semaines ». La situation du système de santé sur place entraîne à la fois un recours limité aux soins et une importante sous-déclaration des cas. « Depuis le 26 mai, un seul médecin est mobilisé pour la régulation et la prise en charge des urgences », décrit SPF, et les tests de confirmation biologique « restent suspendus pour les patients se présentant aux urgences avec une suspicion de chikungunya, afin d’éviter une surcharge du laboratoire ». De même en médecine de ville, les retours signalent « une réduction continue des demandes de confirmation biologique de la part des cliniciens, traduisant une adaptation aux contraintes du système de santé ».

Une campagne de vaccination pour les 18-64 ans avec comorbidités

Depuis la détection du premier cas confirmé, 15 personnes ont été hospitalisées, dont huit femmes enceintes pour surveillance et cinq bébés de moins d'un an. Il n'y a eu aucune admission en réanimation et aucun décès.

Devant la « probabilité élevée » d'une épidémie susceptible de saturer un système de santé fragilisé de ce département le plus pauvre de France, le ministère de la Santé a prévu l'organisation d'une campagne de vaccination pour certains adultes à risque. Les personnes ciblées sont les adultes « âgés de 18 à 64 ans présentant des comorbidités (hypertension artérielle, diabète, maladies cardiovasculaires, maladies respiratoires et neurovasculaires) et n’ayant pas déjà contracté le chikungunya par le passé ».

Mayotte a déjà subi plusieurs crises de santé publique en 2024, dont une épidémie de choléra, puis les conséquences du passage du cyclone Chido en décembre qui a fait une quarantaine de morts.

Une épidémie de chikungunya frappe depuis plusieurs mois La Réunion, située à quelque 1 500 kilomètres de Mayotte. Plusieurs dizaines de milliers de cas et 12 décès y ont été recensés, selon le dernier bulletin de SPF. La circulation du virus y est encore active, même si elle est en phase de décroissance depuis la semaine 17. « La pression d’importation dans l’Hexagone reste d’actualité, sans identification de cas autochtones à ce jour », avait précisé l’agence sanitaire le 28 mai.

Dr I.D. avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr