Panne des numéros d'urgence

Christophe Prudhomme (Amuf) : "Il n'existe aucun système de secours"

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Publié le 03/06/2021

Le mercredi 2 juin de 18H à minuit, une panne chez l'opérateur Orange a gravement perturbé les numéros de secours. Et aurait provoqué la mort de trois personnes. Réaction de Christophe Prudhomme, porte parole de l'Amuf (Association des médecins urgentistes de France).

Christophe Prudhomme, porte parole de l'Amuf
Crédit photo : Octobre 2020, TV5 Monde

Comment expliquez-vous cette panne d'Orange ?

Depuis plusieurs années, nous alertons sur le fait que nos systèmes de téléphonie sont à la fois sous-dimensionnés et non sécurisés. Quand le centre 15 a été mis en place, nous discutions avec un seul interlocuteur qui était le monopole d'État, à savoir les PTT puis France Télécom. Maintenant la situation est devenue très compliqué avec la présence de plusieurs opérateurs. L'opérateur historique Orange doit maintenir ses numéros fonctionnels. Toutefois, les investissements n'ont pas été réalisés. Il n'existe aucun système de secours. Hier il a fallu bricoler en essayant de transmettre les numéros à 10 chiffres pour contourner les numéros à 2 chiffres.

Y a-t-il déjà eu des pannes ?

En 2015, lors des attentats, le standard a explosé suite au très grand nombre d'appels. Suite à ce chaos, on nous avait promis d'améliorer le système. Mais rien n'a été fait. Il y a un an, lors de la première vague du Covid, j'étais de garde lorsque la ministre Agnès Buzyn a demandé aux Français d'appeler le 15. Conséquence, à 22 heures le standard a explosé. Il aurait fallu mettre en place des lignes supplémentaires.

Comment faire pour que ces pannes ne se produisent plus ?

Cet accident était prévisible. Depuis que la plateforme est gérée par l'informatique, nous sommes à la merci d'une panne ou d'une cyberattaque. Alors que les opérateurs se battent pour mettre des antennes sur les toits, nous ne disposons d'aucun système de sécurité. Tous les gouvernements qui se sont succédé n'ont jamais écouté les alertes. Il faut que les familles des patients qui ont eu des pertes de chance portent plainte afin d'aller chercher les responsabilités depuis la fin du monopole de France Télécoms. L'État ne joue plus son rôle à tout libéraliser et met les populations en danger. Résultat, cela entraîne des morts. Une grande réunion avec le ministre de l'Intérieur ne suffira pas.