L’incendie de Notre-Dame n’a pas augmenté l’exposition au plomb des enfants des quartiers proches de la cathédrale. C'est ce que soutient Santé Publique France, qui vient de publier les résultats de sa surveillance des plombémies infantiles mesurées à la suite de l’accident.
« L'incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, survenu le 15 avril 2019, a entraîné une large pollution environnementale au plomb », rappelle Santé Publique France. En cause : la combustion de la flèche et de la toiture du monument, qui contenaient des quantités importantes de ce métal lourd - alors emportées par les fumées. « Dans les semaines suivant l'incendie, des prélèvements environnementaux ont été réalisés pour cartographier les retombées de plomb et guider les investigations sanitaires », raconte l’agence. Une démarche qui avait conduit l’ARS d’Île-de-France à recommander un dépistage du saturnisme par mesure de la plombémie chez les enfants résidant dans les cinq arrondissements de Paris les plus contaminés (1er, 4e, 5e, 6e et 7e arrondissements).
Pour appréhender à la fois l’impact de cette recommandation et surtout les conséquences de l’incendie sur la prévalence du saturnisme, la cellule régionale de Santé Publique France et le Centre Antipoison et de Toxicovigilance (CAPTV) de Paris avaient alors suivi cette activité de dépistage. En pratique, les deux instances ont recueilli et analysé les données leurs bases (base " 3 labos " de Santé publique France et base régionale du Système national de surveillance des plombémies chez l'enfant (SNSPE) du CAPTV d'Île-de-France) produites entre le 15 avril et le 31 décembre 2019 dans le cadre de ce dépistage.
Pas d’augmentation des plombémies infantiles
Résultat : un nombre satisfaisant de familles ont adhéré à ce programme de dépistage. Et ce en particulier sur l’Île de la Cité, particulièrement exposée, où plus de 80 % des mineurs ont répondu présent (contre 34 % des enfants des autres zones de retombées des poussières). Ainsi, plus 1 200 enfants de 0 à 17 ans ont bénéficié d’une plombémie entre avril et décembre 2019. Soit un nombre « 50 fois supérieur à celui enregistré annuellement sur la période de 2015 à 2018 », se félicite Santé Publique France.
Mais surtout, les résultats du dépistage suggèrent que « l’incendie de la cathédrale de Notre-Dame de Paris n’est pas associé à une augmentation des niveaux de plombémie chez les enfants dans le périmètre de fortes retombées de poussières de plomb ». De fait, sur les 1 222 enfants dépistés, seuls 13 (1,5 %) ont présenté une plombémie supérieure à 50 µg/L, soit un saturnisme. Du reste, les plombémies mesurées étaient comprises, en moyenne, entre 11,2 µg/L (chez les 7-17 ans) et 13,3 µg/L (chez les 0-6 ans), soit des valeurs normales, et la proportion d’enfants un peu plus exposés (plombémie supérieure à 25 µg/L, qui doit inciter à la vigilance) était identique à l’intérieur et à l’extérieur de la zone à risque. Autant de chiffres qui indiquent que « les niveaux d’imprégnation des enfants résidant autour de Notre-Dame étaient proches de ceux estimés en population générale et plus faibles que ceux des enfants dépistés à Paris sur la période 2015-2018 ».
Des intoxications liées au logement même dans des quartiers peu dégradés
Cependant, Santé Publique France attire l’attention sur les 13 cas de saturnisme détectés. Pas tant parce que les enquêtes environnementales conduites autour de ces cas « n’ont pas permis d’exclure [un lien] avec l’incendie », mais plutôt car ces analyses ont révélé, pour 12 enfants sur 13, le rôle des logements désuets. « Les sources de plomb identifiées sont celles retrouvées habituellement dans l'habitat ancien parisien avec une fréquence élevée de revêtements en plomb laminé sur les balcons ou terrasses », détaille l’agence. Une conclusion inquiétante dans la mesure où les arrondissements visés par le dépistage sont classiquement peu pointés comme des zones d’habitations insalubres.
Ainsi Santé Publique France incite-t-elle les médecins notamment à proposer plus systématiquement un dépistage du saturnisme. Et ce « dans l'ensemble des quartiers de Paris, en plus des zones habituellement concernées par l'habitat dégradé ».
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