Après un recul drastique de la plupart des épidémies en 2020, en lien avec les mesures de lutte contre la pandémie de Covid, une recrudescence est observée en France, chez nos voisins européens et au-delà. Rougeole, coqueluche, infections par le parvovirus B19, pneumopathies à Mycoplasma pneumoniae, infections invasives à méningocoque… Les rebonds se sont amorcés dès 2022 et les incidences ont parfois atteint en 2023 ou en 2024 des niveaux supérieurs aux années pré-Covid.
C’est le cas de l’épidémie de coqueluche, dont le nombre de cas a augmenté de manière constante à partir de mars 2024, avant de se stabiliser à des niveaux élevés au cours de l’été. En septembre, une baisse significative de l’ensemble des indicateurs épidémiologiques a semblé annoncer la fin de l'épidémie de 2024, qui a entraîné 42 décès (dont 20 âgés de moins de 1 an) et 305 nourrissons de moins de 1 an hospitalisés du 1er janvier au 10 novembre. Malgré le reflux, comparable aux tendances enregistrées ailleurs en Europe, les autorités ont invité à la prudence car le niveau de circulation de la bactérie reste plus important que lors du dernier cycle épidémique (2017-2018) et qu'un rebond n'est pas à exclure au printemps 2025.
Un phénomène mondial
Du côté de la rougeole, la recrudescence en France et en Europe est intervenue en 2023, avec 117 cas recensés dans l’Hexagone. Si le nombre de cas apparaît limité par rapport à la période pré-Covid, il a été multiplié par huit par rapport à 2022. Le rebond observé dans le monde, après plusieurs années de baisse de la couverture vaccinale, a conduit l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à tirer la sonnette d’alarme en février.
Concernant les infections à parvovirus B19 (B19V), la vague inhabituelle de cas a démarré au printemps 2023 pour atteindre un pic en mars 2024. Toutes les régions ont été concernées, avec néanmoins une ampleur variable. Chez les enfants, l’incidence a été « nettement supérieure à celle des quatre saisons précédentes », relevait Santé publique France, soulignant également une augmentation des infections materno-fœtales en 2023 et 2024. D’autres pays européens ont connu une situation similaire, notamment le Danemark, l'Irlande, les Pays-Bas ou la Norvège. En France, le nombre de décès moyen lié à une infection par B19V a doublé, passant de 1,8 décès par an en période prépandémique (majoritairement chez des adultes) à 3,5 par an sur la période 2020-2023.
Quant à la poussée épidémique de pneumopathies à Mycoplasma pneumoniae, elle a atteint un pic en janvier avant de refluer dans les premiers mois de 2024. D’intensité inhabituelle, cette vague a démarré en novembre 2023, touchant surtout les enfants et les jeunes adultes. Malgré une stabilisation en février 2024, les niveaux restent supérieurs à ceux des années pré-Covid. Cette recrudescence, également observée en Europe et en Asie du Sud-Est, pourrait s’expliquer par l’absence d’immunisation acquise après une infection et par la circulation de génotypes différents associée à la survenue de poussées épidémiques cycliques. La précédente vague en France date de la saison 2010-2011.
Des infections qui changent de visage
S’agissant des infections invasives à méningocoque (IIM), une reprise intense a aussi été observée depuis 2020. En 2023, 560 cas d’IIM ont été déclarés (+ 72 % par rapport à 2022), soit un niveau supérieur aux 400 cas recensés en moyenne chaque année avant la pandémie. Le profil des IIM a aussi évolué : si le sérogroupe B reste majoritaire (44 % de tous les cas en 2023 et 60 % chez les moins de 5 ans), le sérotype C, ciblé par l’obligation vaccinale des nourrissons en 2018, devient rare, tandis que les Y et W représentent désormais ensemble la moitié des cas.
Face à ce nouveau visage des IIM et alors que le sérogroupe W est associé à une mortalité accrue (19 % versus 7 % pour les IIM B et 8 % pour les IIM Y), les autorités ont fait évoluer le calendrier vaccinal en 2024. La vaccination tétravalente ACWY est désormais recommandée chez le nourrisson et les adolescents de 11 à 14 ans (avec un rattrapage vaccinal chez les 15-24 ans).
Autre rebond observé, le nombre d’infections à streptocoque du groupe A (SGA), après une chute drastique en 2020, est aussi reparti à la hausse en 2022. Dès septembre, les infections non invasives ont fortement augmenté, dépassant de loin les niveaux prépandémiques, jusqu’à atteindre un pic à la fin de l’année, avec une multiplication par quatre du nombre de cas. Les angines à SGA ont même été multipliées par cinq. L’hiver 2023-2024 s’est accompagné d’un nombre de cas moindre.
Pour expliquer ces recrudescences, Santé publique France évoque l’hypothèse d’une « dette immunitaire » liée aux mesures sanitaires liées à la pandémie de Covid. Mais d’autres hypothèses sont aussi avancées. Pour la coqueluche, par exemple, l’Institut Pasteur souligne l’émergence d’une bactérie différente de la période pré-Covid. Pour la rougeole, le recul de la couverture vaccinale dans des communautés « antivax » participerait à l’émergence de clusters.
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