D’après le baromètre 2025 de l’Agence de biomédecine (ABM) sur le rapport des Français au don d’organes, 79 % des 1 013 sondés sont favorables au prélèvement de leurs organes. Un chiffre qui reste stable depuis dix ans mais semble paradoxal puisque l’opposition des familles au don d’un de leur proche augmente. L’enquête met en évidence l’une des causes : seulement 32 % des personnes interrogées se sentent « bien informées ».
Si 91 % des Français sont d’accord sur l’importance de transmettre sa position à ses proches, seuls 53 % le font réellement. Un chiffre trop faible, mais qui a tout de même gagné 5 points de pourcentage en un an, et 9 en 5 ans. Le faible taux de don d’organes ne serait donc pas dû au recul de l’opinion individuelle mais au refus de la famille au moment du don effectif. « Quand les proches ne connaissent pas la position du défunt, se crée une forme de doute qui profite à l’opposition », explique David Heard, directeur de la communication et de la relation avec les publics à l’ABM. « Il est important que les gens soient proactifs dans l’information de leurs proches », ajoute-t-il.
Pour les départements et régions d’Outre-mer (Drom), l’enquête montre que l’adhésion au don reste majoritaire, malgré une baisse de 8 points par rapport au baromètre 2024, avec 61 % d’habitants favorables en 2025. Mais moins d’un tiers en a parlé avec ses proches et seuls 58 % ont le sentiment que la loi du consentement présumé est en phase avec leurs valeurs (-11 %).
Les idées reçues ont la vie dure
Un patient réveillé aux États-Unis au moment du prélèvement d’organes ? Cette très probable fake news, diffusée en octobre 2024, a engendré un pic d’inscription sur le registre des refus. Le circuit du don d’organes est particulièrement vulnérable aux idées reçues dans la population. Quatre Français sur dix ont le sentiment que le don d’organes ne profite pas de manière équitable aux patients selon leur statut social : l’ABM garantit bien une équité d’accès qui se fait en fonction du tableau clinique des receveurs.
Près d’un Français sur cinq pense, à tort, que les organes peuvent servir à des expériences scientifiques, la moitié des sondés croit que le prélèvement n’est pas compatible avec les rites funéraires, 60 % sont convaincus qu’il existe une limite d’âge au don alors que toute personne qui décède à l’hôpital, quels que soient son âge et son état de santé, peut être donneuse. Les jeunes, qui sont bien plus opposés au don (28 % contre 17 % de moyenne nationale), se sentent bien moins concernés par la mort et la maladie (53 % contre 24 % en population générale).
Le rôle clé du médecin traitant pour en parler
L’ABM a fait un partenariat avec le Collège de la médecine générale (CMG) pour sensibiliser les généralistes aux enjeux du don d’organe. « Le médecin traitant est un relais précieux : grâce à sa relation de confiance avec le patient, il aide à lever ses doutes », commente la Dr Marine Jeantet, directrice générale de l’ABM.
La journée nationale de réflexion sur le don d'organes et la greffe, et de reconnaissance aux donneurs, qui se tient chaque 22 juin, est une occasion pour aborder le sujet avec sa patientèle, propose-t-elle : « Une intervention brève au détour d’une consultation peut avoir un impact important. Et si chaque généraliste parle du don à ses patients le 22 juin, au bout de quelques années ça aura déjà touché énormément de personnes ».
Pour l’ABM, le déterminant le plus important pour sensibiliser au don d’organes est de faire savoir que ça change la vie des gens. « Les donneurs sont des passeurs de vie », déclare la Dr Marine Jeantet.
Une année record pour les greffes hépatiques, d’îlots et de tissus
Malgré la hausse du taux d’opposition au don d’organe (à 36,4 %), l’année 2024 est très encourageante vis-à-vis de l’activité de prélèvement et de greffe. Le recensement « donneurs décédés » (Maastricht 3) s’améliore à un niveau « jamais atteint, grâce à la stratégie multisources », selon l’ABM.
Les greffes hépatiques, de pancréas, particulièrement la greffe d’îlots, et de tissus sont en vedette. Des chiffres records sont même atteints avec 1 439 greffes de foie et 7 165 prélèvements de tissus (contre 1 343 et 6 957 respectivement, en 2023). La greffe pancréatique augmente quant à elle de 23 % et celle d’îlots est en plein essor avec +84 % en un an.
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