Pour diagnostiquer une stéatose hépatique, l’IRM va-t-elle supplanter la biopsie ? Cette question sera abordée lors des prochaines Journées francophones de radiologie.
L’imagerie du foie sera abordée lors des Journées francophones de radiologie, qui se tiendront dans la capitale du 12 au 15 octobre prochain. Il y sera question de la stéatose hépatique, pathologie qui intéresse de plus en plus les hépatologues tant sa prévalence est élevée (environ un adulte sur quatre), et parce que les progrès réalisés en IRM pourraient permettre à cet examen de devenir l’outil standard pour la diagnostiquer.
La stéatose hépatique (NAFLD – Non Alcoholic Fatty Liver Disease) est définie par une accumulation de lipides dans plus de 5 % d’hépatocytes. Elle est considérée comme mineure entre 10 et 33 % d’hépatocytes touchés, sévère au-delà de 66 %. On estime que 15 à 20 % des personnes porteuses d’une stéatose présentent déjà des manifestations histologiques, lésions des hépatocytes et nécro-inflammation d’une stéatohépatite (NASH – Non Alcoholic SteatoHepatitis), soit un terrain favorable à la fibrose, qui mène elle-même à la cirrhose et à terme au risque de cancer du foie.
À l’heure actuelle, devant un patient présentant un IMC problématique et une insulino-résistance, les généralistes recourent le plus souvent en première intention à l’échographie. Si le foie y apparaît très hyperéchogène, il a toutes les chances d’être surchargé en graisse.
Mais l’examen a ses limites : « Il n’est pas très performant pour les surcharges faibles », souligne le Dr Maxime Ronot, spécialiste d’imagerie digestive à l’hôpital Beaujon (AP-HP, Paris). Pour affiner le diagnostic, les recommandations actuellement en vigueur (EASL 2016) chez les hépatologues sont de combiner recherche de marqueurs sériques et mesure de l’élastographie hépatique, pour évaluer le degré d’une éventuelle fibrose. Le tout suivi le cas échéant d’une biopsie.
D'abord utilisée pour le suivi
Considérée comme seule à même de différencier une stéatose simple d’une NASH, la biopsie reste l’examen diagnostic de référence. Pour combien de temps ? « L’IRM, qui offre aujourd’hui de nouvelles séquences, déjà disponibles en routine, permet non seulement l’imagerie anatomique de l’organe, mais aussi d’analyser la composition chimique des tissus et de quantifier automatiquement la fraction graisseuse du foie. C’est suffisamment rare pour être noté, alors qu’en médecine, l’histologie est toujours considérée comme l’examen roi », souligne le radiologue.
« L’IRM est en passe de s’imposer comme la nouvelle référence pour diagnostiquer la stéatose. De premières publications (Gastroenterology 2016, Hepatology 2018) y invitent déjà ouvertement, et les hépatologues reconnaissent eux-mêmes que l’on est en train d’assister à un changement de paradigme », constate le Dr Ronot. De là à imaginer expédier dès demain tout patient suspect de foie gras à l’IRM, restent sans doute quelques pas à franchir. « On peut en effet imaginer que l’IRM sera d’abord utilisée pour suivre ceux dont on sait déjà qu’ils souffrent de stéatose, ou pour mener des essais cliniques », convient le radiologue.
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