Passer de fumeur à vapoteur est une solution aujourd’hui envisageable pour lutter contre l’addiction du tabac. Mais le contraire n’est peut-être pas exclu ! Si certains professionnels de santé ou l’HCSP voient dans l’utilisation de l’e-cigarette une aide potentielle au sevrage tabagique , son engouement chez les jeunes américains suscite l’inquiétude. Et si la cigarette électronique pouvait représenter pour les adolescents « une porte d’entrée » vers le tabagisme autant qu’une porte de sortie ? C’est ce que semble démontrer une étude menée par l’université de Californie du sud et publiée cette semaine dans la revue Pediatrics. Les résultats suggèrent que certains jeunes vapotent alors qu’ils n’ont jamais fumé.
Les jeunes vapotent de plus en plus
Cette étude californienne s’est penchée sur la consommation mensuelle de tabac chez les jeunes. En effet, les chercheurs ont suivi cinq groupes de lycéens qui ont obtenu leurs diplômes en 1995, 1998, 2001, 2 004 et 2 014. Ils ont collecté les données via des questionnaires. Les travaux montrent que, parmi les élèves de 12e année, 19 % ont affirmé avoir fumé dans les 30 derniers jours en 1995, contre 9 % en 2004 puis 8 % en 2014. Or, les auteurs ont comparé leurs résultats à ceux de la National Youth Tabacco Survey qui montraient une hausse de l'usage des cigarettes électroniques chez les adolescents. Les chiffres étaient sans appel : en 2011, 1,5 % d'entre eux ont vapoté dans les 30 derniers jours contre 16 % quatre ans plus tard.« Si les adolescents qui vapotent utilisent l’e-cigarette en remplacement de la cigarette, nous nous attendrions à voir une baisse continuelle des taux de tabagisme en 2014 », explique le Dr Jessica Barrington-Trimis, qui a dirigé l’étude. Pourtant, si la tendance est descendante jusqu’en 2004, on ne constate plus de diminution en 2014. L’usage combiné de la cigarette électronique et traditionnelle en 2014 excède de loin ce qui était attendu si les jeunes substituaient simplement la cigarette à l’e-cigarette. Ces données laissent donc supposer que certains adolescents vapotent sans avoir été fumeur. « Une autre préoccupation reste que les adolescents pourraient être initiés à la nicotine via l’usage de l’e-cigarette », s’inquiète la chercheuse. Celle-ci a, en effet, publié un mois plus tôt une autre étude qui suggérait que des jeunes qui expérimentent l’e-cigarette ont six fois plus de chance en l’espace d’un an d’essayer la cigarette traditionnelle par rapport à ceux qui n’ont pas vapoté.
Cette étude suggère que la cigarette électronique pourrait, in fine, devenir un problème plutôt qu’une solution pour les jeunes. En France, deux études, l’une de l’INPS (juin 2015) et l’enquête ETINCEL OFDT (novembre 2013) ont montré des résultats plutôt rassurants sur ce point. L’enquête de 2013 révélait que 9 % des utilisateurs déclaraient n’avoir jamais ou presque fumé de tabac mais que « tous les vapoteurs réguliers sont ou ont été fumeurs ». Quant aux travaux de l’INPS, ils concluent que seulement 2 % des vapoteurs n’ont jamais été fumeurs mais pointent que « les jeunes représentent le groupe le plus à risque de commencer à consommer du tabac après avoir utilisé la cigarette électronique ».
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