Avec un quart des professionnels de santé inscrits sur sa plateforme – dont 60 000 médecins libéraux –, Doctolib voit toujours plus grand. La licorne française fondée il y a moins de 10 ans compte investir 300 millions d’euros en 2022 et lance « Doctolib Team ». Cette plateforme de communication entre professionnels entend fluidifier le parcours de soins et améliorer le lien ville-hôpital, explique le directeur général de Doctolib, Arthur Thirion. Entretien.
LE QUOTIDIEN : Après la gestion de l’agenda, la téléconsultation et le lancement du logiciel métier Doctolib Médecin, quels services allez-vous lancer en 2022 ?
ARTHUR THIRION : Après une phase exploratoire en 2021, réunissant 20 000 praticiens utilisateurs, nous lançons cette année Doctolib Team. C’est un outil gratuit pour tous les professionnels de santé, orienté sur la coordination et l’interaction en praticiens.
La plateforme permet au médecin d’orienter son patient vers un confrère, pour éviter de rédiger une lettre d’adressage par exemple, de prendre rendez-vous pour lui - en fonction du degré d’urgence – et de communiquer via une messagerie sécurisée. Concrètement, un généraliste pourra orienter en un clic son patient vers un confrère hospitalier, qui aura ouvert des créneaux de rendez-vous dédiés. Il va également pouvoir joindre des comptes rendus, échanger sur des cas patients... L’objectif de Doctolib Team est, à la fois, de faire gagner du temps au praticien mais aussi d’améliorer la prise en charge du patient, avec une coordination quasiment immédiate.
Faudra-t-il forcément être client de Doctolib pour accéder à ce service ?
Non. 100 % des professionnels de santé pourront y avoir accès gratuitement. Si je suis généraliste au Mans, mais que je ne suis pas client de Doctolib Patient, je pourrai quand même m’inscrire et communiquer avec les confrères de mon territoire.
Quel rôle veut jouer cette plateforme dans l’organisation territoriale des soins ?
Nous pensons que ce service aura un impact assez fort sur le lien ville-hôpital – 50% des CHU sont utilisateurs de Doctolib désormais – mais aussi sur l’organisation des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). L’outil est aussi dédié aux CPTS car il permettra d’avoir une visibilité globale des praticiens sur un territoire. Ainsi, le coordinateur de la CPTS pourra organiser rapidement les soins via Doctolib Team.
Avec votre messagerie sécurisée, ne craignez-vous pas d’entrer en concurrence avec le lancement de « Mon Espace Santé » (MES) qui propose le même service ?
Non, ce sont des services complémentaires. La messagerie de « Mon Espace Santé » est plus large et permet notamment au patient de communiquer avec son médecin, ce qui n’est pas notre cas. Notre objectif est surtout de mettre à disposition des innovations pour permettre aux praticiens eux-mêmes de s’organiser ensemble, et de gagner en confort.
Avec 60 millions d’utilisateurs, Doctolib se place en situation de quasi-monopole. Ne craignez-vous pas d'attirer les critiques ?
J’entends souvent parler de Doctolib qui serait hégémonique. En 2021, 25 % des praticiens en France utilisent nos services, je pense qu’on est loin du monopole ! Cela représente 150 000 médecins, dentistes, kinésithérapeutes, services hospitaliers ou pharmacies. Au total, si on ajoute toutes les personnes qui participent au parcours de soins, les secrétaires, le personnel des cabinets, il y a 300 000 personnels de santé sur Doctolib. Il faut préciser que les deux tiers de nos soignants sont répartis en dehors des 20 plus grandes villes de France. Chaque année, 100 000 personnels de santé rejoignent nos services…
Envisagez-vous de faire évoluer vos tarifs ?
Non, il n’est pas prévu d’évolution des tarifs pour les médecins en 2022. Et Doctolib a toujours été 100 % sans engagement, c’est le pacte de confiance que l’on lie avec nos praticiens utilisateurs. Les médecins peuvent arrêter du jour au lendemain. Nous essayons d’être à l’écoute en continu. Cette année, nous allons investir 300 millions d’euros pour continuer à délivrer ces services et faire gagner du temps médical.
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