Entretien

Dr Eric Couhet (Connected Doctors) :« Le data scientist est un allié, pas un concurrent »

Publié le 17/09/2015
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LE QUOTIDIEN : Le Big data peut-il vraiment constituer une aide pour le médecin ?

Dr ERIC COUHET : C’est une chance extraordinaire pour la médecine. C’est une base de données médicale inimaginable avec un médecin en amont, en live, et en aval. C’est l’opportunité d’un meilleur suivi, d’une meilleure compréhension qui permettra une médecine préventive et ultra-personnalisée. Il faut en revanche se montrer très vigilant avec une sécurisation des données expertisée et maîtrisée. C’est d’ailleurs la limite de nombreuses applications e-santé… L’arrivée des « data » dans la médecine change le business model des entreprises œuvrant dans le secteur. Forcément le médecin est, ou sera, impacté.

À ce titre, avez-vous une crainte que l’expertise des data scientists remplacent celle des médecins ?

Il faut voir le data scientist comme un allié, pas un concurrent. Pour cela, il faut que le médecin devienne acteur, et non spectateur. On ne peut à la fois se plaindre d’être exclu d’un mouvement auquel on ne veut pas participer, et dans le même temps dire que cela ne relève pas de notre pratique professionnelle. Puisque les patients remettent en cause leur rapport à la médecine, nous devons aussi remettre en cause notre façon de travailler. À titre personnel [le Dr Couhet est généraliste dans les Deux-Sèvres, NDLR], j’ai entre 70 et 80 patients qui m’envoient par mail leurs données de santé, mesurées grâce à des objets connectés, avant la consultation afin de la préparer.

Vous avez donc également changé de patientèle ?

Ce sont d’abord mes patients qui, par leurs demandes, ont changé ma façon d’aborder les choses. La médecine est une affaire trop importante pour être laissée aux informaticiens et aux ingénieurs. Il ne faut pas les laisser faire seuls. Les médecins doivent absolument s’impliquer pour faire valoir leur qualité d’expert. Les remontées terrain demeurent capitales.

Propos recueillis par G. Mo.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9433