Qu’on se le dise : l’industrie pharmaceutique a décidé de ne plus se contenter de produire des médicaments ou des dispositifs médicaux. On l’a encore vu quand le think-tank « La Valeur en santé », soutenu par Medtronic, a fait paraître un manifeste appelant notamment à une plus forte structuration des parcours de soins. Autre illustration avec Sanofi : le géant français a organisé une rencontre avec la presse où il a fait part de l’état de ses travaux sur ce qu’il appelle la « science comportementale ».
« Les médecins jouent un rôle crucial dans la plupart des domaines dans lesquels nous travaillons », reconnaissait en introduction de la séance le Dr Ann Beal, responsable des « solutions patient » chez Sanofi. « Mais si l’on pense à ce qui est nécessaire pour que la santé d’un patient s’améliore, c’est son comportement qui importe, et la manière dont il gère sa pathologie. » Un domaine que l’entreprise a donc décidé de creuser.
La chasse aux données
Première étape : rassembler un panel d’experts en science comportementale chargés de conseiller l’entreprise sur la meilleure manière d’observer les patients dans la vraie vie. Mais pour nourrir la réflexion, il faut des données. Sanofi a donc commencé à nouer des partenariats avec d’autres entreprises pour en acquérir de nouvelles.
C’est notamment l’objectif d’un accord signé avec la start-up californienne Evidation Health, qui « collecte des données comportementales quotidiennes jusque-là invisibles, et les combine aux données cliniques traditionnelles », ainsi que l’explique sa présidente Christine Lemke. Par « données comportementales », il faut entendre l’activité physique, le sommeil, la présence sur les réseaux sociaux… Autant de signaux qui permettent d’élargir « l’instantané très étroit » que le médecin peut avoir lors d’une consultation avec son patient, avance Christine Lemke.
Grippe et diabète sont dans un bateau
L’entrepreneuse revendique une base de données de trois millions de personnes. Cela lui permet, par exemple, de renseigner Sanofi sur les interactions entre le diabète et la vaccination contre la grippe (deux domaines thérapeutiques hautement stratégiques pour le labo). « Nous savons que la mortalité des diabétiques non vaccinés contre la grippe est deux fois plus importante que celle de ceux qui n’ont pas de diabète, et nous voulons comprendre les facteurs qui peuvent contribuer à l’acceptation ou au refus du vaccin contre la grippe de la part des diabétiques », justifie Ann Beal.
Bien sûr, Sanofi et Evidation jurent que la confidentialité est leur priorité. « Chaque individu donne sa permission explicite pour l’utilisation des données », assure Christine Lemke. Reste à voir quelle sera l’acceptabilité d’une telle démarche du côté des patients.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes