La e-santé perce dans les territoires

Reconnecter les déserts

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Publié le 30/04/2018
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Les défaillances techniques sont parfois mis en avant pour justifier le lent décollage de la e-santé en France. Un argument qui s’écroule devant les témoignages présentés cette année à la conférence du Catel Visio 2018.

Depuis un an, les habitants du fond de la vallée de Masevaux, dans le Haut-Rhin, peuvent être pris en charge dans le cabinet d’Oberbruck grâce à une station de téléconsultation. Tirer la langue devant une caméra, ou faire mesurer son rythme cardiaque grâce à internet est devenu quotidien, avec une salle d’attente qui ne désemplit pas. Menée par l’association de soins et d’aides Mulhouse et environs (ASAME), cette initiative de télémédecine indépendante vise à désenclaver cette vallée et en particulier Oberbruck, Sewen, Kirchberg, Niederbruck et Dolleren villages, villages dépourvus de généralistes, désormais reconnectés virtuellement à une équipe de six médecins. 

« Notre cabinet flambant neuf nous permet de miser sur l’avenir et nos administrés apprécient la gestion des rendez-vous pour accéder plus facilement aux spécialistes », souligne Jacques Behra, maire d’Oberbruck. Le coût de l’équipement en partie amorti par l’agence régionale de santé (ARS) s’élève à 30 000 euros comprenant la webcam, l’écran et l’interface.

Avec 373 téléconsultations dès la première année, il est désormais question d’acquérir des mallettes contenant une webcam et un écran pour embarquer cette technologie au plus près des personnes âgées à domicile ou en EHPAD.

Du e-leaning pour les paramédicaux

Télé-AVC, lancé en Bourgogne-Franche-Comté en 2012, a également fait ses preuves. 

L’objectif de ce réseau est l’accès à une expertise neurovasculaire en urgence et à la thrombolyse intraveineuse si l’indication est retenue. L’acte se déroule en trois temps : une téléconsultation, une télé-expertise radiologique et une téléassistance à la thrombolyse. En direct et en visioconférence du CHU de Dijon, le Pr Maurice Giroud, à la tête de l’unité de soins intensifs neurovasculaires et le Dr Marie Hervieu-Begue, neurologue, témoignent de 818 téléconsultations et de 134 téléthrombolyse réalisées l’an dernier. 

Dans l'Aube, le Dr Thomas Perez, urologue de la polyclinique de Montier La Celle, estime aussi que la télémédecine est un vrai levier pour progresser et se sentir moins seul : « Surveiller l’état de santé d’un patient après une cystectomie n’est pas si compliqué et cela peut confirmer un avis, éviter des déplacements aussi inutiles que douloureux ». Parce que nécessité fait loi, l'urologue est entièrement favorable à une formation en e-learning pour les paramédicaux qui se tiendront au plus près des patients en demande de soins. 

 

 

 

Laurence Mauduit

Source : Le Quotidien du médecin: 9655