Oui, pour des indications médicales : le Pr François Olivennes*
« Je suis favorable à une certaine forme de GPA pour des indications médicales, lorsqu’une femme n’a pas d’utérus, qu’il est malformé ou dégradé. Les patientes qui viennent me voir ont toujours une cause médicale indiscutable, et souvent elles ont cherché d’autres solutions. Elles ont entre 25 ans et 35 ans et sont désespérées d’avoir besoin d’une technique interdite dans leur pays.
Ce qui m’a convaincu, c’est d’avoir vécu pendant 5 jours aux côtés d’une femme et de ses 2 enfants ; elle m’a révélé à la fin du séjour avoir eu recours à la GPA. À aucun moment je n’ai eu un doute. Puis j’ai rencontré 2 ou 3 patientes qui avaient bénéficié de GPA grâce à des amies, sans rémunération, et je me suis dit qu’une telle technique était possible dans des conditions éthiques : avec un dédommagement des frais engagés, en s’assurant que la parturiente ne prend pas de risques. Je reconnais en revanche qu’il faut s’interroger sur ce que la femme porteuse peut dire à ses propres enfants.
Je suis totalement opposé à la GPA telle qu’elle se pratique en Inde, où la misère est exploitée, ou aux USA, où les rémunérations sont mirobolantes.
Je suis plus hésitant sur la GPA pour les couples d’hommes, car il n’y a pas d’indication médicale. »
Non, c’est une instrumentalisation du corps : le Pr René Frydman
« J’ai reçu au cours de ma carrière 2 mères porteuses à Clamart. La séparation d’avec l’enfant fut un drame physique et psychique pour la première. Le père a reconnu l’enfant, puis le couple n’a plus voulu entendre parler de cette femme. La deuxième personne s’est vue imposer des contraintes alimentaires d’ordre religieux, qu’elle n’a accepté qu’en faisant monter les enchères.
Les accouchements des mères porteuses sont aussi à risque que les autres. Ils ont en outre une dimension d’exploitation. En pratique, ce sont les femmes en bas de l’échelle sociale qui acceptent cette pratique.
On ne peut pas résoudre tous les problèmes d’infertilité, on ne peut pas faire n’importe quoi. Utiliser une personne au profit d’un aussi beau projet que celui d’enfant, le dégrade.
Je suis davantage favorable à des recherches sur la greffe d’utérus pour résoudre les problèmes médicaux. Après deux tentatives en Arabie Saoudite et en Turquie, l’équipe du Pr Mats Brännström de l’université de Göteborg (Suède) développe un programme de 10 greffes, dont les premières ont déjà été réalisées ».
* Auteur de « Faire en enfant au XXIe siècle », édition Flammarion documents, en librairie le 20 février 2013.
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