Après plusieurs semaines de débats assez techniques et des témoignages forts de médecins lanceurs d'alerte (Drs Irène Frachon et Georges Chiche), le tribunal correctionnel de Paris a entendu les témoignages des victimes du Mediator. Michèle, Stéphanie, Michel, Patricia et d'autres encore sont venus des quatre coins de la France pour raconter leur calvaire après la prise de ce médicament, prescrit par le médecin traitant ou l'endocrinologue. Le Mediator, un atidiabétique commercialisé par les laboratoires Servier, a été largement prescrit comme un coupe-faim pour maigrir.
Stéphanie, 50 ans en mars prochain ne cache pas sa colère contre les laboratoires Servier. « Ça fait longtemps que j'attends ce moment pour crier mon désespoir », dit-elle, en larmes. Entre 2006 et 2009, elle a pris quotidiennement Mediator à raison de 3 comprimés par jour. Ce médicament a été prescrit par un médecin « peu scrupuleux », dit-elle, après quinze minutes de consultation.
« On disait que ce médicament était extraordinaire. J'ai perdu dix kilos le premier mois », reconnait-elle. Mais en novembre 2009, lors du retrait du Mediator, Stéphanie reçoit un courrier de la Sécurité sociale, lui demandant de faire des examens. Verdict ? À 40 ans, elle souffre d'un problème cardiaque, la valvulopathie, une lésion des valves cardiaques. « J'adorais faire du vélo. Je ne peux plus », annonce-t-elle.
Patricia, 67 ans, a pris du Mediator de 1994 à 2009 pour perdre du poids après avoir eu trois enfants. Mais elle a dû elle renoncer à un travail qu'elle aimait, gestionnaire dans l'immobilier, car licenciée suite à ses problèmes de santé.
« Des truands, des escrocs »
Vient ensuite à la barre Michel, 76 ans, ancien responsable de chargement dans les plâtreries qui a pris ce médicament contre le diabète entre 2003 et 2009. En février 2011, il a dû être opéré d'une valvulopathie : il s'est fait poser une prothèse mécanique au cœur. « Quand je me couche, j'entends une pendule. Tic-tac. Tic-Tac. C'est le Mediator qui me dit : + Je suis là, je suis là ». Alors que la commercialisation de ce médicament a cessé en 2003, « pourquoi ils ont continué en France ? », martèle-t-il.
La colère de Michèle, une femme élégante aux cheveux blancs bouclés, a été aussi vive. L'ancienne directrice d'administration âgée de 73 ans a refusé les 137 000 euros versés par les laboratoires et ne mâche pas ses mots. « Servier ? Ce sont des truands, des escrocs », lâche-t-elle.
Devant la charge, Jacques Antoine Robert, un avocat des laboratoires, rappelle que la firme a présenté ses excuses. « On a conscience que c'est très insuffisant », admet-il. Pas de quoi calmer leur colère. Tous veulent voir reconnaître par le tribunal leur préjudice de victimes de « tromperie aggravée ».
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