Entretien avec le président de Genzyme France

Christian Deleuze : « une évolution de notre modèle » 

Publié le 29/11/2012
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Crédit photo : DR

LE QUOTIDIEN – Le rachat de Genzyme par Sanofi a fait couler beaucoup d’encre… Qu’a-t-il changé ?

CHRISTIAN DELEUZE - Effectivement, certains se sont demandé si la philosophie d’entreprise de Genzyme, privilégiant les traitements personnalisés innovants des maladies rares (« Chaque être humain est unique »), allait se diluer dans un géant de la pharmacie. Très franchement non. Genzyme reste basée à Boston, sa maison mère, et des filiales autonomes sont maintenues dans les pays stratégiques. En un mot, Genzyme est la plateforme de Sanofi dans les maladies rares et la Sclérose en Plaques.

En France, Genzyme regroupe 250 collaborateurs dédiés aux maladies rares et 250 collaborateurs de l’usine de Lyon qui produit la Thymoglobuline, bio-médicament né dans cette ville qui est un berceau de la transplantation.

Genzyme a connu de gros problèmes de production. Comment va Genzyme aujourd’hui ?

Il est vrai que nos capacités de production ont été gravement perturbées pendant près de 3 ans. Un épisode marquant pour tous les patients atteints de maladies lysosomales et bénéficiant de nos enzymes de substitution qui changent véritablement leur vie. Aujourd’hui, je peux vous affirmer que nos capacités de production ont été rétablies et que nous revenons pratiquement à un niveau d’approvisionnement normal de Cerezyme, dans la maladie de Gaucher et de Fabrazyme, dans la maladie de Fabry.

Par ailleurs, nous pensons lancer dans un avenir proche un antisens, alternative à la LDL-aphérèse dans les formes très sévères d’hypercholestérolémie familiale.

Notre stratégie privilégie toujours les maladies rares avec quatre traitements enzymatiques à la disposition des patients auxquels il faut ajouter Thyrogen. Ce médicament, dont la production est, elle aussi, revenue à pleine capacité, est très important dans le diagnostic et le suivi des patients atteints de cancers thyroïdiens.

Dans les prochains mois, la vie de Genzyme va être à nouveau transformée par son arrivée dans la Sclérose en Plaques, une maladie malheureusement plus fréquente dans un marché concurrentiel, où il me semble que le besoin médical reste hautement insatisfait.

Pouvez-vous en dire un peu plus à ce sujet ?

La FDA a récemment approuvé AUBAGIO (teriflunomide) dans la Sclérose en Plaques récurrente. L’un des intérêts de ce traitement de fond doté de propriétés anti-inflammatoires est de permettre une seule prise orale par jour, au-delà de son efficacité et de sa tolérance. Nous espérons pouvoir lancer ce médicament au début de 2014, en alternative aux interférons, injectables, notamment.

Le second atout de Genzyme est LEMTRADA (alemtuzumab), qui est développé pour des patients sans doute plus sévères, ayant déjà présenté une poussée sous traitement ; des résultats très prometteurs nous laissent espérer un lancement fin 2014.

À cette date, Genzyme offrira donc des solutions adaptées aux différents stades évolutifs de la maladie et affirmera sa présence par de nombreux services à destination de la communauté Sclérose en Plaques.

Cette arrivée dans la Sclérose en Plaques ne va-t-elle pas induire une transformation de vos activités ?

Une évolution de notre modèle plutôt. L’arrivée de Genzyme dans la SEP va nous pousser à rester dans la continuité de notre mission historique, tout en nous adressant à des patients plus nombreux. Nous devons nous appuyer sur le savoir faire et la singularité de Genzyme, faisant davantage appel à une relation d’information, de services de proximité et d’écoute (avec les soignants et les malades), qu’à des stratégies purement marketing. Le principal enjeu est de faire reconnaître et prendre en charge ces malades le plus tôt possible, sous tous les aspects de la maladie (cliniques, psychologiques et sociaux), ce qui n’est pas le cas partout aujourd’hui.

 PROPOS RECUEILLIS PAR LE DRØALAIN MARIÉ.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9198