En 2022, 91,4 millions d'ordonnances étaient constituées uniquement de produits à prescription médicale facultative (PMF). Sur ces bases, « c’est autant de consultations chez le médecin généraliste qui pourraient être libérées », affirme Luc Besançon, délégué général de Nères (ex-Afipa). L’association des laboratoires qui fabriquent des « produits de premiers recours » – médicaments d’automédication, dispositifs médicaux et compléments alimentaires – a dévoilé ce jeudi son baromètre pour 2022 et délivré un plaidoyer pro domo pour libérer davantage ce marché.
La vente de produits de premier recours est en forte hausse en officine, avec un marché de 4,3 milliards d’euros l’an passé. Les produits en libre accès ont généré 542 millions d’euros de ventes supplémentaires par rapport à 2021, en croissance de 14,4 %.
16 jours par an et par généraliste
Sur les 656 millions de dispensations de produits de premier recours en 2022, plus de la moitié (353 millions) n’a « pas impliqué la visite chez médecin », précise Luc Besançon, qui souhaite accélérer cette dynamique. « Le pharmacien pourrait jouer un rôle pour alléger le système de santé, c’est un espoir d’optimisation », martèle Nicolas Grélaud, directeur des opérations d’OpenHealth Company qui a réalisé le baromètre.
Et les industriels ont calculé, qu’en économisant les quelque 91 millions d’ordonnances constituées uniquement de produit à PMF, « 1,6 million de jours de temps médical pourraient être libérés, réorientés vers d'autres patients », indique Luc Besançon. Soit, 16,7 jours de travail par généraliste et par an. « Nous utilisons encore beaucoup la case médecin alors que ces produits peuvent être obtenus sans ordonnance », résume-t-il.
« L’automédication s’installe dans les habitudes »
Avec un prix moyen pondéré à 4,68 euros en 2022, les médicaments en accès libre sont portés par les segments douleur, respiratoire et digestif. L’année dernière, les ventes de médicaments pour le système respiratoire ont bondi de 38 % par rapport à 2021, portées entre autres par Strepsils et Humex. Côté antalgiques, le marché de l’automédication a progressé de 16 %, dont 37,8 millions euros de ventes supplémentaires uniquement pour le Doliprane.
À noter toutefois que 70 % des antalgiques et 60 % des médicaments du système digestif en libre accès restaient prescrits par le médecin. Mais ces proportions sont en baisse, affirme Nères, qui précise que « l’automédication s’installe dans les habitudes des Français ». « La tendance est là, il y a de moins en moins de produits de premier recours qui sont prescrits, les Français sont prêts », souligne Nicolas Grélaud.
Sans ordonnance, pas de remboursement du patient. « Pour le vaccin contre la grippe, on a vu que certains patients étaient prêts à payer de leur poche », veut rassurer Luc Besançon, qui précise que « certains organismes complémentaires proposent déjà des forfaits d’automédication ».
Délister triptans, PreP, contraception…
Pour accélérer le mouvement, Nères entend s’appuyer sur le pharmacien, que l'association présente même comme le garant de la permanence des soins. « Quand les cabinets ferment, le pharmacien prend le relais. 15 % des dispensations sont faites après 18 heures », estime Nicolas Grélaud. « Il n’y a pas de désert pharmaceutique ! », se réjouit Vincent Cotard, président de Nères.
En faisant de l'officine l’une des « clés d’entrée du système de santé », Nères souhaite revendique un nouvel arsenal thérapeutique. Depuis des années, les industriels de l’automédication plaident pour le délistage de certaines molécules, comme les triptans, des antimigraineux, certaines contraceptions orales ou la prophylaxie pré-exposition (PrEP). « En Europe, il y a 200 molécules délistées, contre moins de 100 en France », déplore Vincent Cotard.
Nouveaux délistages, pharmacien positionné comme « élément central de la lutte contre les déserts médicaux », Nères continuera de pousser ses propositions dans le cadre du Conseil national de la refondation (CNR).
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