Amazon pourra-t-il s'inviter dans le commerce en ligne de médicaments ? C'est aujourd'hui la crainte d'une partie du secteur de la pharmacie.
Porté par Olivier Dussopt, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Action et des comptes publics, le projet de loi « Asap » (Accélération et simplification de l’action publique), présenté ce mercredi en conseil des ministres, contient un article qui vise à assouplir les conditions d'ouverture des plateformes de vente en ligne de médicaments sans ordonnance.
Aujourd'hui, les règles qui autorisent la vente en ligne par des pharmaciens sont strictes – le stock de médicaments devant être adossé à leur officine et chaque pharmacie devant disposer de sa plateforme. Le projet de loi prévoit la possibilité de vendre des médicaments stockés sur un autre site que celui de la pharmacie. Plusieurs pharmacies pourront mutualiser leurs moyens pour créer un site unique. Face à cette éventuelle « libéralisation », les représentants des officinaux craignent de voir des plateformes d’e-commerce s'engouffrer dans la brèche.
Invité sur RMC et BFMTV ce mercredi, Agnès Buzyn s'est employée à rassurer les pharmaciens. « Il est clair qu'Amazon, ce n'est pas la vision du gouvernement. Nous ne souhaitons pas que des plateformes vendent des médicaments comme on vend des livres », a affirmé la ministre de la Santé.
La locataire de Ségur a insisté sur le fait que la vente en ligne doit rester à la main des officinaux. « Je compte énormément sur la profession des pharmaciens dans leur rôle de santé publique, de conseil, a assuré la ministre. Ils sont indispensables à l'accès aux soins et ils peuvent être totalement rassurés sur le fait que je serai à leurs côtés pour éviter toute dérive de cette vente en ligne. »
Dérégulation
Ces déclarations vont-elles rassurer les pharmaciens ? Pas certain.
L'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) juge que ce projet de loi privilégie justement « la création de plateformes de vente en ligne de médicaments au détriment du maillage territorial des pharmacies » et « la création de locaux extérieurs à l'officine sans réelle régulation ». Le syndicat de Gilles Bonnefond a lancé un sondage en ligne auprès de la profession pour défendre la pharmacie de proximité.
La profession s'active également sur les réseaux sociaux.
Les étudiants mobilisés contre le projet de loi assouplissant les règles de vente en ligne de médicaments !
— Marine Couvé (@Marine_ANEPF) February 5, 2020
Nous défendons un véritable parcours de soin pour le patient, garant de :
Qualité d’une prise en charge adaptée
Sécurité de l’acte de dispensation @MinSoliSante pic.twitter.com/m1WaHosmXR
Après deux burn-out, une chirurgienne décide de retourner la situation
La méthode de la Mutualité pour stopper 2,4 milliards d’euros de fraude sociale
Yannick Neuder lance un plan de lutte contre la désinformation en santé
À la mémoire de notre consœur et amie